Le procès instruit par le tribunal militaire en août 1992 a constitué un tournant dans la vie politique tunisienne de « l’ère nouvelle» de Monsieur Ben Ali. Il a été le point de départ du rouleau compresseur qui a écrasé l’ensemble de la société civile et les contre-pouvoirs naissants contribuant d’une manière significative à consolider le règne de M. Ben Ali qui fête cette année ses quinze ans d’accession au pouvoir.
C’est à cette date que la justice aux ordres a été consacrée, que le barreau a été marginalisé et les droits de la défense ostentatoirement bafoués, que la machine de la torture a été institutionnalisée, que le plus gros contingent de prisonniers politiques a été constitué avec 46 condamnations à perpétuité, à cette date enfin que l’état policier s’est ostensiblement manifesté.
Si ce procès ne constitue pas à proprement parler un précédent d’instrumentalisation dans les annales de la justice de la Tunisie indépendante – d’autres crises comme la crise youssefiste en 57, l’instauration de la Cour de sûreté de l’Etat pour réprimer le mouvement estudiantin en 68 ou la crise syndicale en 78 en ont été de tristes illustrations –, il constitue néanmoins l’événement majeur de cette dernière décade.
Par-delà la destruction délibérée d’une société civile émergente et le gâchis politique et humain dont la Tunisie continue de subir les conséquences, c’est l’avenir hypothéqué par cette lourde facture que tente de dégrever dix ans après le CNLT, en jetant une lumière sans complaisance sur ce procès resté à ce jour « sous embargo » et en tentant de démonter les mécanismes multiformes de cette mise en scène laborieuse, sans conteste la plus meurtrière, qui a touché les institutions du pays.
La LDH, la FIDH et le CRLDHT sont associés à cette conférence
qui aura lieu
mardi 5 novembre 2002 à 18h30 au siège de la LDH
à l’adresse suivante : 138, rue Marcadet 75 018 Paris
Métro : Lamarck Clignancourt