Communiqué commun dont la LDH est signataire
L’accueil de l’Ocean Viking à Toulon en France a été un soulagement face au drame terrible et indigne que vivaient ses passager-e-s depuis plusieurs semaines, balloté.e.s sur les flots en attente d’une décision sur leur possibilité de débarquement.
Maintenant se pose la question des conditions de l’accueil des passager-e-s. Nous demandons la mise en place des dispositions suivantes :
- Pas de privation de liberté en zone d’attente, qui ne ferait qu’accroître les souffrances et traumatismes vécus en mer et sur le parcours d’exil ; de nos expériences sur le terrain, le respect des droits des personnes et de leur dignité n’est pas compatible avec l’enfermement de ces dernières, quel que soit le contexte de leur arrivée, et a fortiori après un périple tel que l’on vécut les rescapés de l’Ocean Viking.
En outre, il est inadmissible que le gouvernement ait fait le choix de « fabriquer » une zone d’attente temporaire dans une base militaire, rendant impossible l’accès des associations habilitées et des élu-e-s de la République, sous prétexte de secret défense, ne permettant pas à des personnes en situation de particulière vulnérabilité d’avoir accès à l’assistance minimale que la loi leur reconnaît.
- Mobilisation d’un centre d’accueil ouvert, permettant de mettre en place l’accompagnement sanitaire, social, et également psychologique nécessaire.
- Protection immédiate, mise à l’abri et hébergement des passager-e-s, dépôt de demandes d’asile pour toutes les personnes le souhaitant, et examen approfondi de toutes les situations des personnes afin de garantir le respect de l’exercice effectif de leurs droits
Plus globalement, pour éviter demain d’autres drames avec d’autres bateaux :
- Nous rappelons le nécessaire respect du droit international de la mer, en particulier l’obligation de porter secours aux passagers d’un bateau en difficulté, le débarquement des personnes dans un lieu sûr dans les meilleurs délais ainsi que le principe de non-refoulement vers des pays où les personnes encourent un risque d’être soumises à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.
- La solidarité en Europe ne fonctionne pas. Le « mécanisme de solidarité » proposé dans le cadre du pacte européen « migrations et asile » est non seulement non respecté par les pays mais très en-deçà d’une véritable politique d’accueil respectueuse de la dignité des personnes et de leurs droits fondamentaux. L’Italie est à la pointe des égoïsmes nationaux mais globalement les pays européens dans leur ensemble ne sont pas à la hauteur.
- C’est donc un changement de modèle politique qui est indispensable : passer de politiques européennes fondées sur la fermeture et le repli vis-à-vis des migrant-e-s considéré-e-s comme indésirables pour prôner un autre système :
- Permettre un accès inconditionnel au territoire européen pour les personnes bloquées à ses frontières extérieures afin d’examiner avec attention et impartialité leurs situations et assurer le respect effectif des droits de tou-te-s.
- Permettre l’accueil des réfugié-e-s non pas sur la base de quotas imposés aux pays, mais sur la base des choix des personnes concernées (selon leurs attaches familiales, leurs compétences linguistiques ou leurs projets personnels), dans le cadre d’une politique de l’asile harmonisée, fondée sur la solidarité entre Etats et le respect inconditionnel des droits fondamentaux.
Premiers signataires :
ADDE, Anafé, Ardhis, La Cimade, Fasti, Gisti, LDH, SAF,
Rejoints par : Ah bienvenue clandestins, ASGI (Italie), ASTI Bordeaux, Bagagérue, CCFD-Terre solidaire, CEDETIM, CIVCR, CMB34, CORENS-CIBELE, Collectif A.M.I.E Lyon, Collectif Loire « Pour que personne ne dorme à la rue », Emmaüs France, Association KOLONE, Le Paria, Médecins du Monde, MRAP, Pateras de vida, Réseau euro-africain Migreurop, Réseau hospitalité Marseille, RESF03, RESF 06, RESQSHIP (Allemagne), Solidarité Accueil Exilés, Syndicat de la magistrature, Roya citoyenne, Tous citoyens, Tous Migrants, Welcome Pays d’Aix
Pour rejoindre la liste des signataires, écrire à contact@anafe.org
Paris, le 11 novembre 2022