Le ministre de l’Intérieur a souhaité recevoir certaines associations afin de les informer de ce qui semble être ses décisions quant à la présence des associations au sein des zones d’attente ou dans les avions affrétés pour procéder à des expulsions collectives.
La LDH relève que le souci de transparence du ministre de l’Intérieur trouve vite ses limites lorsqu’il s’agit de le transcrire dans les faits.
Ce dernier entend choisir ses interlocuteurs et désigner les associations qu’il juge fréquentables.
C’est ainsi que malgré une décision favorable du Conseil d’Etat et les engagements pris par l’actuel ministre de l’Intérieur, la LDH n’est toujours pas habilitée à se rendre en zone d’attente. Il faut souligner, de plus, les conditions extrêmement limitées d’accès à ces zones d’attente : 8 visites par an et par personne agréée des associations habilitées et prévenir de sa venue au moins 24 heures à l’avance.
En réalité, le ministre de l’Intérieur prétend dicter aux associations leur rôle : il prétend leur interdire d’assister juridiquement les personnes retenues pour les cantonner dans un rôle humanitaire et caritatif. Le ministre de l’Intérieur considère donc qu’il est seul, tout à la fois, à dire le droit, à l’appliquer et même à organiser, fût-ce en le sous-traitant aux associations, l’environnement charitable de ces procédures.
En revanche, le ministre de l’Intérieur se refuse à ouvrir une enquête sur les accusations de violences portées par les personnes expulsées à destination du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. La LDH a été contrainte de faire saisir par Serge Blisko, député, président de l’inter-groupe des parlementaires membres de la LDH, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (C.N.D.S).
De la même manière le ministre de l’Intérieur se refuse à remettre en cause les conditions légales d’accueil des étrangers aux frontières alors que c’est là que se trouve la source de tous les problèmes. Bien au contraire, ses projets vont aggraver les choses.
La LDH regrette les emportements de Nicolas Sarkozy, lequel n’hésite pas à envisager de transformer la France en gendarme des migrations internationales en voulant imposer le relevé des empreintes des personnes qui demandent un visa. Il est encore plus regrettable qu’en agissant de cette manière, Nicolas Sarkozy contredise certains de ses propos antérieurs et manifeste quelque mépris de la légalité et de l’indépendance des associations.
Paris, le 13 mars 2003