La LDH avec cinq autres associations de lutte contre l’antisémitisme avaient fait citer l’essayiste d’extrême droite, Alain Bonnet dit Soral, devant le tribunal correctionnel pour provocation à la discrimination raciale, diffamation et injures publiques raciales, à la suite de la publication, le 21 janvier 2019, sur le site internet Égalité et Réconciliation, du clip musical du groupe « Rude Goy Bit » intitulé « Gilets Jaunes ».
Publié par Soral, ce clip qualifie à plusieurs reprises de « parasites » diverses personnalités notoirement juives, ainsi que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), la chaîne de télévision israélienne i24 News et la banque Rothschild, tout en mettant en scène un brasier évocateur des fours crématoires utilisés par les nazis dans lequel sont jetés les portraits de ces personnalités et logos de ces institutions.
En première instance, le prévenu fut condamné mais, dans un arrêt rendu le 17 décembre 2020, la cour d’appel de Paris le relaxait au motif que le film avait pour objet de dénoncer l’influence du monde de la finance sur la politique menée par le président de la République, avec la complicité d’une partie de la presse, et ne visait pas la communauté juive dans son ensemble.
Nos associations ont formé un pourvoi contre cet arrêt. La question qui se posait alors devant la chambre criminelle était de savoir si ce clip de rap, par ses images et ses propos, ciblait ou non la communauté juive en incitant à la discrimination, la haine et la violence à son égard au sens de l’alinéa 7 de l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881.
Nos associations soutenaient d’une part, que le pseudonyme du groupe auteur du rap litigieux « Rude Goy Bit », traduisait bien l’opposition faite entre juifs et non-juifs et d’autre part, que l’emploi du terme « parasite » pour qualifier certains membres de la communauté juive renvoyait au vocabulaire utilisé par les nazis pour désigner les juifs.
Par ailleurs, elles considéraient que les juges de la cour d’appel n’avaient pas recherché si les photographies de personnalités juives jetées dans un brasiers évocateurs des fours crématoires utilisés par les nazis, ainsi que les nombreuses références aux clichés antisémites figurant dans le texte et les images, ne visaient pas la communauté juive dans son ensemble, et si les personnalités non juives également concernées par cet autodafé n’étaient pas présentées comme manipulées par ladite communauté.
Ainsi, la Cour de cassation a cassé et renvoyé devant la cour d’appel autrement composée qui, par un arrêt du 7 septembre 2022, a condamné, Soral pour injure à caractère racial.
Soral avait alors introduit un pourvoi devant la Cour de cassation qui par un arrêt en date du 21 février 2023 a déclaré sa non admission.