Objet : demande de libération d’Aung San Suu Kyi et de U Tin Oo, ainsi que de toutes les personnes incarcérées à la suite des événements du 30 mai 2003
Général Than Shwe,
Général Maung Aye,
Général Khin Nyunt,
Depuis le 30 mai, Mme Aung San Suu Kyi, dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), et plus d’une centaine de ses sympathisants sont en détention dans des lieux maintenus secrets en dépit des appels de la communauté internationale et de la mobilisation citoyenne à travers le monde.
Le 30 mai, le convoi de la Prix Nobel de la Paix a été attaqué par des policiers, des militaires et des hommes de mains recrutés parmi des détenus d’une prison des environs. Mme Aung San Suu Kyi et M. U Tin Oo, vice-président de la LND, auraient été blessés. Cette agression dûment planifiée se serait soldée par la mort de 50 à 80 personnes et la disparition d’environ 150 autres, blessées ou emprisonnées, sympathisants de la LND ou simples spectateurs. A la suite de cette attaque, une véritable chasse aux témoins a été ouverte; des membres du parti ont été placés en résidence surveillée, les bureaux de la LND ont été fermés ainsi que les universités.
Nous tenons à exprimer notre vive préoccupation face à cette attaque contre Mme Aung San Suu Kyi qui signe l’arrêt d’un processus de réconciliation trop timidement engagé depuis deux années, selon l’avis même du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le Myanmar, et notamment après la libération de la Prix Nobel de la Paix il y a un an. Ce regain de violence reflète la politique de terreur qui est menée en Birmanie en toute impunité, malgré les pressantes mises en garde et les sanctions réitérées par les instances internationales.
Aux côtés de la coalition d’associations qui s’est formée suite à ces évènements, nous demandons la libération immédiate et sans condition d’Aung San Suu Kyi et de U Tin Oo, ainsi que de toutes les personnes incarcérées depuis le 30 mai 2003, la réouverture des bureaux de la LND, la mise en place d’une commission d’enquête internationale permettant de juger et punir les auteurs de ces graves violations aux droits de l’homme. Nous exhortons les autorités birmanes à permettre au Comité International de la Croix Rouge (CICR) d’accéder de toute urgence à toutes les personnes détenues depuis le 30 mai.
Nous estimons que cette nouvelle détention de facto du prix Nobel de la Paix justifie pleinement l’intervention du Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, afin d’exiger des autorités birmanes le respect des normes internationales de protection des droits de l’Homme et la reprise d’un véritable «dialogue de réconciliation nationale ».
Paris, le 26 juin 2003
Liste des signataires :
Organisations non gouvernementales et associations : L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Amnesty International-France, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Fondation France-Libertés, le Forum Asie Démocratie, Info Birmanie, la Fédération internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT), la Ligue française des droits de l’Homme, Survie, le Forum des démocrates, Khiasma, l’Observatoire des Libertés en Asie Orientale.
Personnalités signataires des pétitions FIDH et AISF