Communiqué commun dont la LDH est signataire
Après la mort de Nahel, tué à bout portant par un policier, et la révolte qui s’en est suivi, plutôt que d’abroger la loi du 28 février 2017 qui assouplit les règles en matière d’usage des armes à feux par les forces de l’ordre, laquelle a entrainé la mort de 18 personnes depuis 2021, pour refus d’obtempérer, le ministre de l’Intérieur demande dans une circulaire aux préfets d’expulser les familles « de délinquants », condamnés par la justice.
Nous nous élevons contre cette circulaire, car :
- expulser la famille d’une personne déjà condamnée au prétexte qu’elle a commis un délit constitue une atteinte à l’Etat de droit et une violence sociale inadmissible porteuse de nouvelles révoltes ;
- il s’agit d’infliger une double peine, une forme de représailles, de peine collective ou de vengeance à caractère moyenâgeuse, comme le pratiquent encore certains Etats à l’encontre des familles de leurs opposants. Pourquoi ne pas s’en prendre à toutes les familles des personnes condamnées, comme par exemple Nicolas Sarkozy, Patrick Balkany ou Jérôme Cahuzac ? ;
- alors que la justice peut très bien éloigner du quartier la personne condamnée, cette circulaire vise à satisfaire les plus bas instincts émanant de l’extrême droite ;
- le trouble de voisinage, dès lors qu’il est reconnu par le juge civil, entraine l’expulsion du locataire. Il n’y a donc pas lieu de changer la législation d’autant plus que certains troubles de voisinages sont parfois inventés par des voisins malveillants ;
- expulser une famille avec enfants aux revenus modestes, comme celle de Deuil la Barre, c’est condamner des innocentes et innoncents à la rue et c’est un acte de violence sociale et de représailles, dans le contexte actuel de grave crise du logement .
Les signataires appellent à manifester le 23 septembre « Pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques » , mais aussi :
- contre cette nouvelle forme de répression digne de certaines dictatures, qui vise et stigmatise une fois encore les quartiers populaires et leurs habitantes et habitants ;
- pour la mise en œuvre d’une politique du logement pour toutes et tous, la baisse des loyers et des prix de l’énergie, la réalisation de logements sociaux, et une hausse générale des salaires, des pensions et des prestations sociales.
Premiers signataires : ACORT, AFVS, Bagagérue, Construire, CNAFAL, CNDF, COPAF, Coordination de défense des quartiers populaires, Coordination nationale contre les violences policières, Coudes à Coudes, CSP 75/ CISPM, DAL, dernière rénovation, FASTI, Emancipation tendance synd, Femmes égalité, Fondation Copernic, FSU, FTCR, La libre pensée, La révolution est en marche, LDH, Mouvement national lycéen, ODED 32, Pas sans nous, RAAR, Rejoignons nous, Union syndicale Solidaires, UJFP, VESEMT (37)…
Ainsi que : Ensemble, FUIQP, NPA, PEPS, PG, PCOF, REV, UCL…
Paris, le 20 septembre 2023