La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue française des droits de l’Homme et du Citoyen (LDH) expriment leur indignation face aux déclarations du Président Chirac à l’issue de son entretien avec le Président tunisien Ben Ali le mercredi 3 décembre 2003.
Le Président Chirac a déclaré que « le premier des droits de l’Homme, c’est de manger, d’être soigné, de recevoir une éducation et d’avoir un habitat » et qu’à cet égard, la Tunisie était « très en avance sur beaucoup d’autres pays » et dit « ne pas douter » que « le caractère libéral, respectueux des libertés soit de plus en plus affirmé [en Tunisie] ».
Le Président de la République Française n’ignore en rien que le régime du Président Ben Ali est responsable de violations flagrantes et systématiques de droits civils et politiques fondamentaux (liberté d’opinion, d’expression et d’association, droit à l’intégrité physique, droit à un procès équitable, droit à la participation aux affaires publiques) ni que l’état de droit et le multipartisme n’y sont que de façade (www.fidh.org/communiq/2003/tn0112f.htm). Ce constat est d’ailleurs partagé notamment par les mécanismes indépendants des Nations Unies.
Le Président de la République Française ne peut non plus ignorer qu’une telle déclaration a, pour le régime du Général Ben Ali, valeur de blanc seing aux fins de poursuivre sur cette voie.
Nos organisations dénoncent avec force le mauvais tour ainsi joué aux défenseurs des droits de l’Homme qui, en Tunisie, payent au prix fort leur engagement.
Elles doivent rappeller au Président de la République Française que, aux termes des normes internationales de protection des droits de l’Homme, les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sont indivisibles, la démocratie, le développement et les droits de l’Homme sont interdépendants.
L’expérience des pratiques imputables au régime tunisien démontre combien le développement économique n’entraîne en rien une amélioration du respect des droits civils et politiques mais au contraire sert de prétexte à la légitimation de leur violation.
Plutôt que se faire le laudateur d’un régime policier et liberticide et sachant combien le Président de la République Française dit tenir au respect du droit international, c’est cette analyse, conforme à celui-ci, que les victimes et les démocrates tunisiens étaient en droit d’espérer.
Paris, 4 décembre 2003
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