La LDH dénonce l’arrestation de Sihem Ben Sedrine en Tunisie

Communiqué LDH

L’arrestation de Sihem Ben Sedrine est un symbole de la volonté du régime du président Kaïs Saïed de faire taire toute voix discordante dans le pays. En effet, la répression ne cesse de s’aggraver en Tunisie. On ne compte plus le nombre d’opposantes et opposants politiques, syndicalistes, journalistes, magistrats et défenseurs des droits arrêtés pour avoir osé exprimer leur opinion ou simplement essayer de faire leur travail.

Sihem Ben Sedrine a été une opposante acharnée du président Ben Ali, tant comme journaliste que comme militante des droits de l’Homme. En 2001, elle avait été emprisonnée durant plusieurs semaines pour avoir osé dénoncer l’absence d’indépendance de la justice tunisienne et n’avait été libérée que grâce à une campagne internationale de soutien.

En 2014, après la chute du dictateur, elle avait été nommée présidente de l’instance « Vérité et dignité » chargée de déterminer les responsabilités en matière de violations des droits de l’Homme entre 1955 et 2013 et de fournir réparation aux victimes. Après de nombreuses tentatives pour empêcher la conclusion des travaux de l’instance, le rapport avait finalement été publié en juin 2020.Et c’est justement sur la base du contenu de ce rapport qu’elle est aujourd’hui poursuivie, accusée de l’avoir falsifié, alors que ce dernier met en évidence la corruption, la répression et leurs auteurs durant la dictature.

En mars 2023, Sihem Ben Sedrine s’est d’abord vu interdire de quitter le territoire, puis a été assignée à résidence en mars 2024 et finalement arrêtée le 1er août dernier.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) dénonce l’acharnement du gouvernement tunisien actuel à ternir le travail fait sur la corruption et la répression sous Zine El-Abidine Ben Ali.

Elle demande la libération de tous les prisonniers et prisonnières d’opinion et s’inquiète des dérives du régime et notamment de l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire qui conduisent à instaurer un climat de peur à la veille de la nouvelle élection présidentielle prévue le 6 octobre prochain.

Paris, le 11 août 2024

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