Les hommages de la presse à Henri Leclerc

L’avocat Henri Leclerc, ardent défenseur des libertés publiques, est mort

Le Monde, le 31 août 2024

L’ancien grand nom du barreau de Paris, défenseur de Lucien Léger, de Richard Roman et des « gauchistes » de Mai 68, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, avait plaidé pour la dernière fois en 2020. Il est mort le 31 août.

Le vieux lion a fermé les yeux, le monde de la justice est en grand deuil, et les robes des avocats sont plus noires que jamais. Henri Leclerc est mort à l’âge de 90 ans, samedi 31 août à Paris, après soixante-dix ans de barreau et autant d’années de défense têtue des libertés. Mᵉ Leclerc était l’un des derniers géants de son temps, et lorsque la rumeur courait, dans les cours ou les tribunaux, qu’il allait plaider, les confrères, les magistrats, les étudiants, se glissaient discrètement dans la salle pour apprendre du vieux maître. Lire l’article

Mort d’Henri Leclerc, le dernier des grands pénalistes

L’Humanité, le 1er septembre 2024

Avec la mort d’Henri Leclerc s’éteint une voix. Et quelle voix.
Chaude et profonde, parfois grondante, souvent amicale. La voix des opprimés, des mal-aimés, des révoltés. Celle des condamnés d’avance pour qui la robe noire de l’avocat est, à l’audience, l’unique rempart.

La voix d’un humaniste, infatigable héraut de la liberté, adversaire résolu de la bêtise et des injustices. Celui que ses confrères n’appelaient plus que par son prénom, tant sa figure était devenue familière. « Henri » venait de fêter ses 90 ans et, après la mort de son ami Robert Badinter, était le dernier géant du barreau, l’ultime représentant d’une génération de pénalistes marqués par la guerre et son cortège d’horreurs. Une figure de l’engagement.

Henri Leclerc combattra toute sa vie la peine capitale

Engagement contre la peine de mort, d’abord. Qu’elle soit infligée à l’ancien chef du gouvernement de Vichy, Pierre Laval, ou qu’elle touche des criminels de droit commun, Henri Leclerc combattra toute sa vie la peine capitale. Engagement contre le colonialisme, aussi – il défendra notamment, devant la cour de sûreté de l’État, les indépendantistes guadeloupéens.

Contre les quartiers de haute sécurité – Roger Knobelspiess, qui en fut la figure, compte parmi ses clients. Contre tout ce qui accompagne et justifie les abus du pouvoir : après avoir incarné pendant cinq années la Ligue des droits de l’Homme (LDH), Henri Leclerc en était resté le président d’honneur.

Mère catholique, père agnostique, ses parents – tous deux fils d’instituteurs – l’auraient bien vu devenir magistrat. À 18 ans, alors qu’il s’est lancé dans des études de droit, Henri hésite. Les colères ne manquent pas. La politique l’attire. Aux côtés de Michel Rocard, de quinze ans son aîné, il fait le coup de poing contre Jean-Marie Le Pen et ses nervis.

« La justice s’agitait dans ma tête », écrira-t-il plus tard 1.
Décidé à la voir à l’œuvre, il pousse un jour la porte du palais de justice et assiste à un procès d’assises. Dans le box, un meurtrier que tout accable. « Il y avait bien longtemps qu’il ne relevait plus la tête », décrit Henri Leclerc.

C’est là que se produit le déclic. « Un grand escogriffe vêtu de noir » se lève, pose sa main sur celles de l’accusé, défie la cour du regard. « Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là ! » tonne-t-il. L’étudiant en droit sent monter les larmes. C’est décidé : il sera avocat.

Il embrassera toutes les luttes sociales

Henri Leclerc portera la robe pendant soixante ans et, à travers la SCP d’Ornano qu’il met en place avec un groupe d’amis, embrassera toutes les luttes sociales et parviendra, pendant des années, à se rendre accessible aux plus démunis. Il y rencontre Jeanne, dont il tombe amoureux, s’occupe de son divorce et l’épouse dans la foulée. Ils auront ensemble deux filles.

À six reprises, Henri Leclerc a défendu des clients contre lesquels la peine de mort a été requise. À six reprises, il leur a évité la guillotine. « À chaque fois, j’ai fait appel à l’humanité des jurés », explique-t-il. Voir Henri Leclerc plaider aux assises, c’était assister à une opération à âme ouverte. Sa douceur bonhomme pouvait se muer, à l’audience, en exhortations rageuses. De sa voix dont il maîtrisait chaque inflexion, il rappelait chacun – jurés, magistrats, accusé – à la seule chose qui, au fond, fait le sel de la vie : la fraternité. Des générations de robes noires lui doivent leur vocation.

« Être avocat, qu’est-ce que c’est ? » lui avait-on demandé (dans l’Humanité magazine n° 907, du 30 mai 2024) alors que se profilait son ultime anniversaire. « C’est aimer l’homme malgré lui, avec ses failles, ses imperfections », nous avait-il répondu, le sourcil en bataille, la cravate de travers, sa lourde silhouette appuyée à une canne.

Entier, généreux comme à son habitude, il dénonçait la surpopulation carcérale, l’absence de réflexion sur le sens de la peine, l’approche purement policière de l’immigration. Les élections européennes étaient proches et la montée de l’extrême droite paraissait inéluctable. « Où avons-nous failli ? » s’interrogeait-il, confiant ses inquiétudes, évoquant ses petits-enfants.

Quelques semaines plus tard, alors que le premier tour des élections législatives anticipées venait de confirmer le succès du RN, l’ancien avocat parlait de son « désespoir » à nos confrères de Mediapart. « La présidence socialiste puis la présidence Macron ont cédé sur les principes fondamentaux, avançait-il, on ne peut pas reprocher à un peuple qui voit pleuvoir les dividendes sur quelques individus quand il ne parvient pas à boucler ses fins de mois d’être en colère. »

L’optimisme, chez Henri Leclerc, n’était jamais loin. Il avait des projets. Pensait écrire un livre. Savait pouvoir compter sur les syndicats, la société civile, le monde associatif. « Nous ne sommes pas morts, avait-il ajouté. La situation est difficile, certes, mais on peut se battre. »

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Henri LECLERC, le droit dans la peau

France Culture, le 6 septembre 2024

Qui était Henri Leclerc ? La série de podcasts France Culture dresse le portrait d’une vie de combats et de militantisme au service de la justice.

France: l’avocat Henri Leclerc, figure de la défense des droits de l’homme, est mort

RFI, le 1er septembre 2024

(…) Nathalie Tehio, présidente de la branche française de la Ligue des droits de l’Homme, qui lui a succédé à ce poste, retient son combat contre le colonialisme. « ll a défendu les Guadeloupéens, avant ça les Algériens ». Une question qui lui tenait à coeur d’ailleurs au dernier congrès de la Ligue, il a parlé de la Nouvelle-Calédonie et a participé au processus des accords Matignon, rappelle Nathalie Tehio.« Vous voyez, ces combats, il en parlait, il les faisait vivre aussi bien dans le prétoire que. dans la Ligue pour nous dire voilà la direction… il a participé jusqu’au bout à nous aiguillonner pour nous dire, et c’est là qu’il faut aller, la défense des plus faibles, des opprimés, c’est ça qu’il faut faire et ça c’est quelque chose de très précieux et qui va beaucoup nous manquer. Donc malheureusement oui, nous sommes orphelins. »  

L’avocat Henri Leclerc, figure tutélaire du Barreau français, est mort

Le Figaro, le 31 août 2024

Le grand avocat, fervent défenseur des libertés publiques, est décédé à l’âge de 90 ans. Homme libre, avocat généreux, plaideur d’exception, il se méfiait de l’éloquence ronflante qui fait plaisir à celui qui la pratique mais ne porte pas forcément bonheur à son client. (…)

Il restera jusqu’à son dernier souffle un plaideur sentimental. Un humaniste, pèlerin des juridictions, président (1995-2000) puis président d’honneur de la LDH, hanté par le spectre de l’erreur judiciaire (…). La transe de Badinter contre la guillotine, l’intransigeance enfiévrée de Lévy contre la prison, la cruauté érudite de Kiejman contre tout ce qui lui résiste, éblouissent l’auditoire. Leclerc, lui, c’est autre chose. Le plus humain des éblouissants. Le plus bouleversant des seigneurs en robe noire. Lire l’article

Henri Leclerc : « Il a montré qu’un avocat ne doit pas se contenter de faire son métier dans une salle d’audience »

Mediapart, le 1er septembre 2024

Après la disparition de l’avocat et militant Henri Leclerc, décédé à 90 ans samedi des suites d’un AVC, plusieurs jeunes avocats saluent le puissant héritage que ce « défenseur acharné des libertés » laisse à toute une nouvelle génération. Lire l’article

Mort de l’avocat Henri Leclerc : le monde de la justice salue « un ardent défenseur des libertés »

Le Monde, le 1er septembre 2024

Après soixante-dix ans de barreau et autant d’années de défense entêtée des libertés, Henri Leclerc, avocat et défenseur inlassable des droits de l’Homme, est mort samedi à Villejuif, dans le Val-de-Marne, à l’âge de 90 ans. Lire l’article

Henri Leclerc, mort d’un défenseur infatigable des hommes et des principes

France Inter, le 1er septembre 2024

C’est l’un des derniers géants du droit qui disparait : l’avocat Henri Leclerc est mort samedi à 90 ans, après près de 70 ans de barreau. Il était un maître de la plaidoirie, et une figure de l’engagement, à gauche et pour les libertés fondamentales, qu’il aura défendues jusqu’au bout.

Pendant 70 ans, Henri Leclerc a défendu des hommes et des principes. Étudiant à la Sorbonne, il se lie avec le socialiste Michel Rocard, et croise aussi Jean-Marie Le Pen, qui réplique à son éloquence par une gifle. Lire l’article

Mort de Henri Leclerc, avocat de toutes les grandes causes sociales

La Croix, le 1er septembre 2024

Avocat dans d’innombrables affaires retentissantes, résolument engagé à gauche et président d’honneur de la LDH, Henri Leclerc est mort le 31 août à 90 ans. (…)  « Je crois qu’aujourd’hui on voit disparaître le plus grand avocat qui était encore en vie », a réagi sur France Info Patrick Baudouin. Lire l’article

Mort de l’avocat Henri Leclerc, un géant du barreau

Le Parisien, le 31 août 2024

« Il n’y a pas de justice sans parole ». Difficile de choisir quelques mots pour résumer un maître de la langue comme Henri Leclerc, qui a ciselé au travers de ses 65 années de carrière d’avocat des milliers de plaidoiries et de discours. Ces quelques mots peuvent résumer la personnalité de celui qui s’est éteint ce samedi à 90 ans. Il les avait prononcées sur France Culture, une nuit d’octobre 2017. Lire l’article

Henri l’arménien

Armenews, le 2 septembre 2024

Nul ne sait, mieux que les Arméniens, ce qu’ils doivent à l’avocat Henri Leclerc, au talent de sa défense comme aux leçons d’humanité qui résonnaient dans chacune de ses plaidoiries qui ont largement profité aux militants arméniens qu’il a assistés à partir des années 1980 en leur offrant les premiers succès d’une cause que d’aucun pensaient perdue d’avance, celle de la reconnaissance du génocide des Arméniens. LIRE L’ARTICLE

Mort d’Henri Leclerc : le président d’honneur de la LDH Patrick Baudouin fait part de sa « tristesse » et de son « émotion »

France info, le 31 août 2024

« On dit parfois que personne n’est irremplaçable, c’est faux pour certaines personnes et en particulier pour lui« , estime Patrick Baudouin samedi sur franceinfo, après la mort à 90 ans de l’avocat Henri Leclerc, ardent défenseur des libertés publiques. Lire l’article

Henri Leclerc, un éternel défenseur des droits de l’Homme disparait à l’âge de 90 ans

France Bleu, le 1er septembre 2024

Les robes des avocats sont plus noires que jamais. Le pénaliste Henri Leclerc s’est éteint à l’âge de 90 ans ce samedi à Paris, après soixante-dix ans de barreau et autant d’années de défense des libertés. Henri Leclerc avait pris part à de très nombreux procès médiatiques, comme celui de Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Carlton de Lille, celui de Véronique Courjault dans l’affaire dite « des bébés congelés » ou celui de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream. ​Henri Leclerc avait par ailleurs plaidé dans de grands procès criminels, comme ceux de François Besse (un lieutenant de Mesrine), Richard Roman ou encore Jacques Viguier. Lire l’article

Henri Leclerc, avocat pour toujours

Le Nouvel Obs, le 31 août 2024

Henri Leclerc était avocat depuis décembre 1955. Il avait officiellement pris sa retraite en 2020 mais, s’il avait quitté les palais de justice, sa figure continuait à marquer amphithéâtres ou salles de cours dans lesquels on l’invitait avec un mélange de chaleur et de dévotion. Lire l’article

Marie Dosé : avec la mort d’Henri Leclerc, « on a perdu le plus grand » des avocats

France Inter, le 1er septembre 2024 

Marie Dosé, avocate au barreau de Paris, rend hommage à Maître Henri Leclerc, l’homme qui lui a donné envie de devenir avocate. Ecouter

Tribune : « Henri Leclerc était le Churchill des avocats »

Le Monde, le 1er septembre 2024

L’avocat Basile Ader souligne qu’avec la mort de son confrère et mentor, disparaît l’un des plus grands défenseurs de la liberté d’expression. (…) Il avait l’empathie et la bienveillance qui permettent de comprendre et de convaincre son juge. Il était lucide. Il savait se faire patelin ou terrible et menaçant, selon ce qu’exigeait le dossier. Mais jamais il ne transigeait sur les principes. Lire la tribune

disparition : Henri Leclerc, « une indignation coléreuse lorsque la justice se déshonore »

Politis, le 4 septembre 2024

La disparition d’Henri Leclerc est une perte immense pour les défenseurs des libertés publiques. Ce grand avocat était un redoutable et inlassable orateur promouvant les grands principes de la démocratie et de l’État de droit. LIRE L’ARTICLE

Henri Leclerc : «Les avocats sont des témoins de la vérité»

L’INA, le 2 septembre 2024

Grand avocat et défenseur des libertés, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, Henri Leclerc est mort samedi 31 août 2024. Il avait 90 ans. Pendant toute sa carrière, il a défendu une vision du métier d’avocat et en faisait régulièrement part en interview. LIRE L’ARTICLE

 

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