Communiqué de la section LDH Nord-Pas-de-Calais
Vendredi 10 avril 2009, Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, était venu à Calais à la rencontre des migrants et s’était indigné : « On ne laisserait pas vivre des chiens comme ça… Nous sommes face à une politique inhumaine. » Depuis lors, la machine infernale s’est emballée.Vendredi 10 avril, Jean-Pierre Dubois, président national de la Ligue des droits de l’Homme, était venu à Calais à la rencontre des migrants vivant au milieu de tas d’ordures, sans eau ni électricité et s’était indigné : « On ne laisserait pas vivre des chiens comme ça… Nous sommes face à une politique inhumaine. »
Le tribunal de Coquelles ? : « Une parodie de justice ! ».
Les militants et les bénévoles : « Le ministre Eric Besson a créé un nouveau type de délinquants, les « aidants » ; cette politique traite comme des criminels les gens qui respectent les droits de l’Homme. »
Il avait ajouté : « Nous allons faire connaître ce scandale ».
Depuis lors, la machine infernale s’est emballée !
21 avril : A la veille du retour à Calais d’Eric Besson, 200 migrants, essentiellement des Erythréens et des Afghans, sont interpellés. Ils seront libérés dès le lendemain de la visite du ministre. Natacha Bouchart, maire de Calais, déclare qu’il faut une intervention de l’armée.
23 avril : Monsieur Besson annonce le démantèlement de la jungle et la destruction des réseaux de passeurs. « Le problème de Calais, ce n’est pas qu’il y a trop de répression policière, c’est qu’il n’y en a pas assez. Nous allons mettre en place une opération conjointe de police sur les réseaux ferroviaires et autoroutiers avec l’Allemagne et l’Italie et élaborer un plan complet pour assurer l’étanchéité du port et du tunnel. » Coût : 10 millions d’euros pour les 5 machines de détection !
Depuis lors, les opérations coups de poing se multiplient. Elles visent en principe les passeurs mais frappent en réalité les migrants eux-mêmes.
6 mai : 39 Afghans et Pakistanais sont interpellés par la PAF, 9 sont placés en garde à vue à Coquelles et leur camp est démantelé.
11 mai : la P.A.F. intervient à Steenvoorde avec brutalité. « Ils ont tout brûlé, les tentes, les vêtements, la nourriture, s’indigne un militant, c’est abominable, inadmissible… »
Pendant ce temps, des migrants prennent de plus en plus de risques : l’un d’entre eux assure avoir franchi la Manche caché entre deux wagons d’Eurostar ! 20 migrants sont retrouvés dans une remorque frigorifique et sauvés in extremis de même que 12 autres qui évitent de peu un bain d’acide sulfurique mortel.
Pourtant, le site Eurotunnel est enclos de 17 kilomètres de clôtures à très haute sécurité et rien qu’en 2008, 6 millions d’euros ont été affectés à la sécurité des lieux. Mais ce n’est pas assez pour monsieur Besson qui veut faire plus encore : sans doute est-ce ce qu’il appelle « humaniser une politique de fermeté » ! Il envisage avec son collègue britannique un échange de compétences avec notamment la mise en place de vols communs pour des retours forcés à destination de l’Afghanistan, feignant d’oublier que ces migrants risquent la mort dans ce pays en guerre.
Alors, bien sûr, maintenant à Calais, outre le dispositif pour demander l’asile en France et informer sur l’aide au retour volontaire, il y a un point d’eau, et on concède même quelques douches… mais à condition que le point d’accueil existant soit reculé à dix kilomètres à l’intérieur des terres !
Lamentable alibi et pitoyable cache-misère de cette honteuse politique !
Il est intolérable qu’une telle politique soit mise en œuvre au nom de la République française, c’est-à-dire en notre nom à tous, dans la patrie des Victor Hugo, Emile Zola, Jean Moulin et René Cassin !
A la veille du scrutin du 7 juin, il est plus que jamais nécessaire de réclamer qu’on cesse de faire de l’Europe une forteresse assiégée et que soient appliqués les principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, notamment le respect de la dignité des personnes et le droit de circuler librement, de quitter tout pays et d’y revenir librement (art. 13).
Calais, le 13 mai 2009