Communiqué LDH
Le démantèlement de « la jungle » de Calais, selon le ministre de l’Immigration et de l’identité nationale, avait pour objet de démanteler les filières en arrêtant les passeurs. Mais la publicité que monsieur Besson a orchestrée autour de l’opération a largement donné à ces derniers le temps de disparaître. Dès lors, le seul résultat tangible de cette opération de police est l’arrestation des migrants eux-mêmes, c’est-à-dire des victimes des trafics.
Ces migrants, qui avaient fui la misère et la terreur dans des pays aussi « sûrs » que… l’Afghanistan, survivaient dans des conditions effroyables que le cabinet de monsieur Besson a contribué à entretenir, en allant jusqu’à bloquer la fourniture de quelques douches pour des familles prévue par le Secours catholique. Nombre d’entre eux sont des mineurs que la France a l’obligation de protéger.
De surcroît, les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette opération de police sont indignes d’un Etat de droit, et l’éparpillement des personnes arrêtées dans des centres de rétention situés dans toute la France va augmenter leur désarroi, rendre encore moins effectif leur droit de demander l’asile et encore plus difficile le travail associatif d’assistance et d’accès aux droits.
Au nom d’une politique de l’immigration réduite à la dissuasion par la brutalité, les gouvernants actuels donnent une nouvelle fois le spectacle du mépris des principes selon lesquels toute personne a le droit de fuir le pays dans lequel elle est menacée et devrait pouvoir choisir le pays dans lequel elle souhaite former sa demande d’asile.
La Ligue des droits de l’Homme appelle les citoyens à ne pas se laisser duper par un discours sur l’Etat de droit qui masque la violation assumée des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient son origine et sa nationalité.
Paris, le 23 septembre 2009