Communiqué LDH
La cour d’appel de Limoges, saisie par deux des huit petits-enfants de l’industriel Louis Renault, a condamné, le 13 juillet 2010, le « Centre de la mémoire » d’Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, à retirer de son exposition permanente une photo (présente depuis 1999) de cet industriel entouré d’Hitler et Goering. La Ligue des droits de l’Homme considère que ce n’est pas le rôle de la justice d’imposer des choix aux responsables d’une exposition historique qui en avaient la charge et dont ils assument la responsabilité. S’il est toujours légitime de contester certains d’entre eux (notamment, en l’occurrence, eu égard à la date de la photo, prise au salon de l’auto de Berlin de février 1939, ou à sa légende), cela ne peut déboucher que sur des critiques publiques ou des demandes de débats ou d’autres explications et non sur des décisions judiciaires de censure. Il ne revient pas à la justice d’écrire l’histoire.
Cette décision est d’autant plus choquante qu’elle est révélatrice d’une tendance actuelle à chercher à passer sous silence ou à minimiser les responsabilités des collaborateurs français des nazis durant l’Occupation.
Les efforts des deux descendants de Louis Renault auxquels cette décision a malencontreusement fait écho visent manifestement à masquer ou à justifier son comportement. Ils sont symptomatiques de tentatives de s’opposer au libre débat des historiens sur la question de la collaboration des milieux patronaux français avec l’occupant nazi, et à la diffusion de travaux de ceux d’entre eux qui mettent en lumière ses étapes et leurs conséquences.
Communiqué LDH
Paris le 3 mars 2011