Le projet de Nicolas Sarkozy tel que dévoilé par le Figaro est archaïque, irréaliste et dangereux.
En définissant un peu plus les étrangers non européens comme des barbares qu’il faut tenir en lisière de l’Europe, le ministre de l’Intérieur s’en remet, à l’instar de ces prédécesseurs, à une approche purement policière de l’immigration.
Il ne suffit pas de rendre plus difficile la délivrance des visas, de ficher dans chaque commune les personnes qui offrent l’accueil à un étranger et d’accroître les poursuites contre les immigrés pour construire une politique pertinente en ce domaine. Le projet d’étendre les zones de non-droit que sont les zones d’attente en fonction des opportunités décidées par le ministère de l’Intérieur et de porter le délai de rétention à deux mois s’expose – sauf à parier sur un revirement de jurisprudence du Conseil constitutionnel compte tenu de sa composition actuelle – a être censuré.
Lié à l’énorme déception qu’a provoqué une circulaire relative aux sans papiers, très en deçà des engagements pris, ce projet illustre, derrière une forme qui se veut raisonnable et à l’inverse des propos tenus, la vision d’une France et d’une Europe repliées sur elles-mêmes. Le projet de loi sur l’asile actuellement en préparation va dans le même sens.
A l’heure où les marchandises, les informations et même l’argent circulent de plus en plus librement, construire des lignes Maginot pour interdire aux hommes de se déplacer est irréaliste et inacceptable. La Ligue des droits de l’Homme souhaite qu’un large débat, en France et en Europe, permette d’élaborer une autre politique, plus soucieuse des réalités du monde et de nos sociétés, comme des droits et libertés de chacun, quelle que soit sa nationalité.
Paris, le 17 février 2003
Analyse des dernières circulaires Sarkozy sur le droit des étrangers