Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme apporte son soutien à la journaliste Florence Hartmann, correspondante du Monde à Belgrade jusqu’en 1994, réputée pour ses reportages sans complaisance pendant la guerre en ex-Yougoslavie. De 2000 à 2006, elle fut porte-parole de Carla Del Ponte, procureure au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).Mme F. Hartmann encourt devant ce même Tribunal, une condamnation pour « attempt to court » – « outrage au Tribunal » – pour avoir fait référence dans un livre et un article à des documents classés confidentiels, alors qu’ils ont trait à des crimes contre l’Humanité et qu’ils avaient déjà été cités publiquement à plusieurs reprises. La LDH réaffirme que la mission du TPIY est précisément de juger des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité, non de faire comparaître une journaliste pour un hypothétique et contestable délit de presse.
La LDH estime que la comparution de Florence Hartmann nourrit la confusion quant au rôle du TPIY, devant lequel comparaissent les auteurs des crimes les plus graves ; un Tribunal dont l’opinion internationale attend plutôt qu’il puisse enfin juger d’autres prévenus encore libres, tel le général Mladic. La LDH s’étonne que le Tribunal soit dans le même temps juge et partie, et que les exigences rédactionnelles imposées aux avocats de la défense ne leur permettent pas d’exposer tous leurs arguments.
Nous savons que Mme Florence Hartmann a exercé sa profession de journaliste avec une haute conscience. Informer l’opinion sur les crimes commis en temps de guerre concourt à la protection des victimes. Aussi, nous appelons les associations, les syndicats, les partis politiques ainsi que les élus à soutenir et rendre public leur soutien.
Paris, le 24 février 2010