Le Syndicat de la Magistrature, le Syndicat des Avocats de France, la LDH, la section française d’Amnesty International, et la Commission Internationale d’enquête « droits fondamentaux et mondialisation » ont décidé de constituer un groupe de juristes, avocats et magistrats, afin d’observer le déroulement des diverses manifestations, contre le G8 , qui se tient à Evian du 1er au 3 juin 2003.
Il s’agit notamment de reprendre en France la pratique du Legal Team, née de l’initiative d’AED (Avocats Européens Démocrates). L’objectif de ce collectif de juristes (avocats et magistrats) est d’observer les pratiques policières, judiciaires et administratives, lors de ce grand rassemblement militant, de rédiger un rapport collectif sur le respect des droits individuels et des libertés publiques dans la région, et, pour les avocats, d’organiser la défense des manifestants.
Cette initiative fait suite aux débordements policiers qui s’étaient produits lors des précédentes manifestations anti G8 à Gênes en 2001 et avaient provoqué la mort de Carlo Guliani, dont l’enquête vient d’être classée par la justice italienne.
Notre présence ne saurait en aucun cas constituer une quelconque défiance pour nos collègues magistrats et avocats, dont nous voulons souligner le rôle de gardiens des libertés, selon l’article 66 de la Constitution.
Notre seule préoccupation est que les droits de tous soient respectés:
– Nous reconnaissons au chefs d’états des 8 pays les plus riches du monde (Etats Unis, Italie, France, Chine, Grande Bretagne, Russie…) le droit de se réunir, même si, depuis le 11 septembre 2001, le G8, au nom de la lutte contre le terrorisme, légitime la guerre, le recul des libertés et la disparition de l’état de droit partout dans le monde.
-Mais nous souhaitons que soit aussi reconnu aux opposants au G8 le droit de manifester pacifiquement.
Nous estimons que cette réunion au sommet ne peut pas justifier des atteintes à la liberté de circulation (blocages de personnes aux frontières et refoulements), à la liberté d’expression (fichages policiers illégaux des manifestants), aux libertés individuelles (gardes à vue), et à la présomption d’innocence ( comparutions massives devant les juridictions).
Tout doit être fait pour éviter des violences policières illégitimes, telle que la descente policière dans le centre du forum anti G8 à Gênes en 2001, lors de laquelle de nombreuses personnes furent frappées et l’ensemble du matériel volontairement détruit par la police.
Nous constatons qu’une forteresse sécuritaire est d’ores et déjà érigée à Evian, lieu de réunion du G8: fichage et badgeage de la population, zones interdites, arrivée d’agents spéciaux pour protéger G Bush, anti-missiles et noria d’hélicoptères, hommes grenouilles dans le lac Léman, échanges de fichiers de police entre états, organisation à grande échelle de locaux de garde à vue et d’audiences de comparution immédiate.
Il a été officiellement annoncé que l’une des raisons principales de la venue de G Bush à Evian, est de signer un communiqué commun sur la lutte contre le terrorisme, qui pourrait être le prétexte à de nouvelles atteintes aux libertés en Europe. Cela aussi justifie la présence de juristes, comme d’ultimes sentinelles de ce qui reste de l’état de droit, dévoré par des mesures d’exception.
Paris le 16 Mai 2003
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