Communiqué commun de Médecins du Monde, la Cimade, la Ligue des droits de l’Homme, Osiris et le CODETRAS
Au lendemain de la décision du tribunal de Bobigny de débouter l’Etat dans sa plainte contre Médecins du Monde en reconnaissant la situation d’urgence humanitaire dans laquelle se trouvent les familles roms d’Ile-de-France, l’Etat poursuit à Berre sa logique du tout répressif à l’encontre des travailleurs agricoles étrangers. Aujourd’hui, mercredi 22 juillet, 21 personnes ont été arrêtées par une quarantaine de gendarmes mobilisés pour cette opération de « destruction et de résorption de l’habitat insalubre occupée par des personnes en situation irrégulière sur le territoire » (propos du sous-préfet d’Istres). En ce moment, les hommes interpellés attendent au commissariat de Berre leur transfert au centre de rétention administrative. Quelques hommes ont échappé à cette arrestation et ont pu témoigner de la violence et du choc : violence avec laquelle les hommes ont été sortis des caravanes, certains auraient été blessés et reçu des coups de pieds ; choc à la vue des bulldozers arrivés sur le terrain en fin de matinée et qui commençaient à détruire une par une les dernières caravanes.
Médecins du Monde effectue depuis janvier 2002 une veille sanitaire auprès des travailleurs agricoles étrangers qui habitent sur un terrain privé de la plaine des Gravons, dénommé le « Gourbi » de Berre. Depuis plus de 20 ans, ce bidonville, abritait une soixantaine de personnes originaires essentiellement de Tunisie et du Maroc, jusqu’à ce que la Préfecture commence à le démanteler en juillet 2007.
Médecins du Monde peut témoigner que les droits fondamentaux des hommes et leurs accès aux soins sont bafoués depuis qu’existe la mission (2003), de même que leur droit à un logement.
Médecins du Monde et les associations partenaires (la CIMADE, la Ligue des droits de l’Homme, Osiris et le CODETRAS-Collectif de Défense des Travailleurs Etrangers dans l’Agriculture-) font les constats suivants :
1. La question du travail clandestin des ouvriers agricoles n’est pas abordée. Le choix de l’Etat consiste à disperser les travailleurs sans-papiers en espérant les rendre invisibles, plutôt que de s’attaquer à leurs employeurs, responsables de cette situation.
2. La dispersion en cours des hommes du Gourbi instaure un climat de tensions permanentes parmi les hommes non relogés, sollicités chaque jour pour travailler. Médecins du Monde témoigne de souffrances psychiques et de stress accrus chez ces personnes, conséquences des difficultés d’accès aux soins dans cet environnement.
Médecins du Monde, la CIMADE, la Ligue des droits de l’Homme, Osiris et le CODETRAS dénoncent cette réponse coercitive où l’Etat reste aveugle et muet au traitement du problème de fond : celui de l’économie agricole clandestine dans la région.
Marseille, le 22 juillet 2009
Contacts sur le terrain :
Christine Larpin : 06 11 56 71 36
Marie-France Négrel : 06 16 97 65 06
Contact presse :
Médecins du Monde – Mission France – Marseille : 04 95 04 56 03