Communiqué LDH
Des milliers de policiers ont été mobilisés hier pour assurer, en vain semble-t-il, une troisième tentative d’expulsion d’un père de famille angolais, résidant à Lyon, vers un pays où il n’a plus de liens familiaux et où sa vie serait menacée. Une quatrième tentative d’expulsion serait en cours !Depuis le 19 janvier 2010, Guilherme a passé quatre jours avec sa compagne et leurs enfants, et soixante-douze jours en rétention ou en prison. Il a subi deux arrestations à son domicile, trois tentatives d’embarquement et trois passages à tabac.
Malgré l’indignation exprimée par les parents d’élèves, les enseignants, des élus et de nombreux lyonnais, en dépit d’une occupation d’école, de nombreuses manifestations rassemblant localement des centaines de personnes, des milliers de signatures et de multiples démarches de personnalités et d’élus, le préfet du Rhône et le ministre Besson persistent dans leur volonté de faire un exemple.
Pourtant, Guilherme Hauka-Azanga est venu demander l’asile à la France après avoir fui l’Angola et les massacres qui ont décimé une partie des siens. Sa seule famille est maintenant constituée de trois enfants réfugiés au Congo et la compagne avec laquelle il a refait sa vie à Lyon, les deux enfants de celle-ci et les deux enfants nés de cette union. C’est donc une nouvelle fois au mépris des conventions internationales que cette volonté répressive cherche à s’appliquer : comme si le droit à la vie familiale ou le respect de l’intérêt supérieur des enfants étaient des droits à modalités variables en fonction des personnes et de leur nationalité, ou de leur statut social.
C’est l’effet de répétition qui fait sens. La Ligue des droits de l’Homme s’indigne de voir de nombreux pères de familles placés en centre de rétention et menacés d’expulsion, déstabilisant les familles et traumatisant les enfants concernés.
Cette situation s’ajoute aux nombreux refus de séjour qui frappent des jeunes en cours d’études, et à la volonté de laisser pourrir un conflit du travail qui prive de ressources de nombreux salariés sans papiers, dont beaucoup ont en charge une famille.
Parce qu’elle n’a de cesse de condamner une politique qui ne peut s’appliquer qu’en dépit des droits fondamentaux et de la simple humanité, la LDH demande la libération immédiate de Guilherme Hauka-Azanga et de toutes les personnes menacées d’expulsion ainsi que leur régularisation avec un titre de séjour les autorisant à travailler.
Paris, le 8 avril 2010.