Tribune collective publiée dans Le Monde du 21 octobre 2011.Les 5 et 6 novembre, le G20 va se réunir à Cannes, sous la présidence de la France. Parmi les chefs d’Etat présents à cette réunion, certains
membres du Conseil de sécurité de l’ONU s’opposent, pour des raisons diverses, à une condamnation ferme du régime syrien et notamment à une saisine du procureur de la Cour pénale internationale concernant la situation des droits humains en Syrie.
A ce jour, les morts, les blessés, les victimes de tortures, les disparitions et les arrestations se comptent par milliers, et le bilan s’alourdit chaque jour.
Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, a clairement qualifié les crimes commis par le régime du président Bachar Al-Assad de crimes contre l’humanité.
Témoins de l’aggravation constante de la répression exercée par le régime syrien à l’encontre de son peuple, nos organisations de défense des droits de l’homme interpellent le président de la République, Nicolas Sarkozy, pour que le prochain G20 ne soit pas celui du silence.
En effet, si le G20 a pour principal mandat de traiter des problématiques économiques et financières, ses membres ne sauraient pour autant faire
l’impasse sur la question centrale du respect des droits de l’homme et de la démocratie alors que la communauté internationale se trouve confrontée, en Syrie, à une situation de violation massive des droits de l’homme à laquelle elle doit réagir de toute urgence.
Depuis sa création en 1999, le G20 est progressivement apparu comme un espace de dialogue privilégié au sein duquel la France peut impulser des changements politiques majeurs et diffuser la culture d’une diplomatie qui place les droits de l’homme au coeur des échanges internationaux.
Nicolas Sarkozy se doit d’oeuvrer dans ce sens en appelant les dirigeants du G20 à adopter une déclaration commune condamnant fermement les crimes contre l’humanité commis en Syrie.
Outre les effets politiques concrets qu’une telle déclaration pourrait produire, elle constituerait surtout un geste de solidarité nécessaire avec le peuple syrien qui affronte, dans la dignité, une répression sanglante.
Le peuple syrien attend de la communauté internationale des actes forts ; le G20, sous la présidence française, en a le pouvoir et la responsabilité.
Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH ; Nassera Dutour, présidente de la Femed ; Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty
International ; Kamel Jendoubi, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) ; Renée Le Mignot, coprésidente du MRAP ; Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’homme et François Walter, président d’ACAT France.