Le Président de la République a pris la décision d’imposer une loi prohibant « les signes religieux ostensibles » dans le cadre scolaire mais aussi de donner aux chefs d’entreprise le moyen de faire de même. Cette décision s’accompagne d’un certain nombre de considérations qui marquent une volonté apparente de mieux intégrer des populations aujourd’hui discriminées et de lutter contre le racisme.
Au-delà de déclarations de principes fort bien venues, la LDH s’inquiète lorsque le Président de la République affirme que les processus d’intégration sont favorisés par les lois adoptées récemment à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors qu’elles ne conduisent qu’à réprimer et à stigmatiser des populations désignées a priori comme dangereuses.
Elle constate, de plus, le silence observé en ce qui concerne les mécanismes d’insertion sociale. Ceux-ci ne peuvent, en aucune manière, se résumer dans le développement des « zones franches », alors que les choix budgétaires du gouvernement mettent en péril jusqu’à l’existence des associations qui irriguent les quartiers par un travail tout à fait irremplaçable, notamment en direction des femmes.
Si affirmer que le communautarisme n’est pas une démarche acceptable ne peut qu’emporter l’adhésion, il est regrettable que le Président de la République établisse des priorités dans la lutte contre le racisme en distinguant la lutte contre l’antisémitisme, même si celui-ci présente des spécificités comme toute autre manifestation de racisme. Surtout, il brise l’universalité de la lutte contre le racisme et s’expose alors au danger d’en faire une démarche communautaire.
Dans ce contexte, l’annonce attendue d’une loi prohibant les « signes religieux ostensibles » à l’école ou au travail ne résoudra rien. Tout au contraire, cette mesure ne fera, en fait, qu’ouvrir la porte à de nouveaux contentieux et renforcer l’exclusion dont est déjà victime toute une catégorie de la population. L’ampleur des discriminations dont elle souffre exige la définition d’une politique cohérente et globale qui ne peut se résumer à l’annonce, maintes fois répétée, de la création d’une haute autorité.
Paris, le 19 décembre 2003