Communiqué du REMDH
À l’occasion de la Journée internationale de la femme, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) explique dans une déclaration publiée aujourd’hui que les femmes vivant dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée voient leurs droits de plus en plus souvent bafoués, et ce malgré les changements promis dans le sillage des révolutions qui ont secoué la région.Le REMDH rappelle que cet événement survient dans un contexte inquiétant où les violences sexuelles à l’encontre des femmes, des défenseuses des droits de l’Homme et des militantes politiques sont en pleine recrudescence dans la région du Sud et de l’Est de la Méditerranée.
Le nombre d’actes de violence perpétrés contre des femmes augmente à un rythme effréné, tandis que les auteurs de ces attaques continuent de vivre en toute impunité. Les pouvoirs en place au sein de nombreux pays en transition semblent tolérer la montée des extrémismes religieux. Par conséquent, les femmes risquent d’être davantage marginalisées et de voir leurs droits bien plus affaiblis aujourd’hui, qu’avant le début des révolutions.
Le REMDH déplore que la Journée internationale de la femme coïncide avec une période de graves difficultés économiques qui touchent en premier lieu les femmes des deux côtés de la Méditerranée.
L’engagement factice de la plupart des gouvernements de la région de la Méditerranée du Sud inquiète tout particulièrement le REMDH qui réclame une protection concrète des droits de la femme, ainsi que leur promotion. Le REMDH insiste par ailleurs pour que les gouvernements respectent sans plus tarder leurs engagements en faveur de l’égalité des sexes, comme le prévoient les conventions internationales qu’ils ont ratifiées, telles que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Le REMDH saisit cette opportunité pour célébrer le rôle crucial qu’ont joué les femmes lors des soulèvements qui ont chassé les dictateurs de plusieurs pays de la région euro-méditerranéenne. Il déplore toutefois la tendance actuelle à marginaliser les femmes dans la région.
A cette occasion, le REMDH tient à souligner qu’il vient de publier un guide destiné aux journalistes sur l’égalité des sexes dans les médias. Ce guide a pour objectif ambitieux de corriger l’idée reçue que les femmes sont soit des ‘victimes’ soit des ‘objets sexuels’ en promouvant une couverture médiatique respectant parité des genres, afin de mettre en lumière les femmes qui ont joué un rôle dans les pays en transition.
Faits et chiffres pour la JIF 2013 :
– des ONG égyptiennes ont répertorié quelque 23 cas de viols collectifs, rien que pendant les journées du 25 et du 26 janvier 2013 ! Aucun auteur de ces faits n’a été traduit devant la justice jusqu’à présent ;
– la violence sexuelle est de plus en plus utilisée comme « arme de guerre » en Syrie, où de nombreux rapports font état de cas de femmes violées alors qu’elles étaient détenues par les forces gouvernementales, parfois sous les yeux de leurs proches ;
– en raison de la détérioration de la sécurité et de la faiblesse de l’État de droit en Tunisie et en Libye, les femmes peinent encore à garantir leur participation à la vie politique et l’adoption d’une constitution garante de l’égalité des sexes et interdisant la discrimination basée sur le genre ;
– les femmes palestiniennes continuent d’endurer des actes de violence et de discrimination de la part de la puissance occupante et en raison des attitudes patriarcales observées au sein de leur propre société. Leur contribution considérable à la résistance et à une société palestinienne cohésive demeure marginalisée ;
– les lois relatives à la nationalité en Syrie, au Liban et en Jordanie demeurent discriminatoires à l’égard des femmes, en les empêchant de transmettre leur nationalité à leur famille ;
– en Europe, les femmes sont les premières à être touchées par les mesures d’austérité et risquent davantage de perdre leur emploi, de tomber dans la pauvreté et la précarité ;
– la montée des mouvements extrémistes en Europe entrave encore davantage l’accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive.
Copenhague, le 8 mars 2013.