Communiqué de la LDH Corse
A nouveau, nous sommes sous le choc après l’assassinat d’un jeune étudiant. A nouveau, une colère s’exprime de toute part contre un geste criminel qui endeuille une famille et hypothèque gravement l’avenir d’autres jeunes.Une fois de plus, sous le coup de l’évènement, il y a des réactions unanimes pour dénoncer la perte de repères, la circulation des armes, la jeunesse étant dans ce contexte particulièrement interpellée.
Mais cela ne suffit pas, cela ne suffit plus. Il est temps d’agir plutôt que de réagir. Par rapport à cet événement dramatique, personne ne peut s’exonérer d’une réflexion sur ses responsabilités. Responsables universitaires, enseignants, police, parents, associations… Chacun doit s’interroger sur ce qu’il aurait pu faire pour que cela n’arrive pas, pour que cela ne se reproduise plus.
Aujourd’hui, s’impose une réflexion sur notre vivre ensemble. Sommes-nous définitivement prisonniers d’un trait culturel qui érige les armes comme une partie de nous-même. Ou voulons-nous enfin respecter et garantir ce droit d’évidence, le droit à la vie.
Et pour cela, avons-nous besoin de mettre un policier derrière chaque citoyen, de placer une caméra à chaque coin de rue, de ficher toujours plus y compris les personnes potentiellement dangereuses au détriment de nos libertés. Faut-il donc que nous nous désespérions sans cesse pour imaginer un tel monde.
Ou voulons nous une bonne fois pour toute prendre les choses en main. Voulons nous éduquer autrement nos enfants en remettant définitivement en cause cette caricature d’un Corse qui ne le serait pas vraiment s’il n’est pas armé. Sommes nous décidés à nous débarrasser de tous ces objets de mort exhibés quotidiennement, banalisés comme si il s’agissait de jouets.
Pour grandir, s’épanouir, croire en l’avenir, nos enfants ont besoin d’autre chose que cette vision d’une société agressive, belliqueuse et mortifère.
Ajaccio, le 9 février 2010