Comme il y a 14 ans à Creil, le battage médiatico-politique fait autour de deux jeunes filles, élèves du lycée Henri-Wallon à Aubervilliers, dont l’exclusion est demandée ne doit pas égarer l’opinion.
Lila et Alma portent un foulard et revendiquent le droit de suivre la totalité des cours, y compris ceux d’éducation physique et c’est ce droit qui leur est refusé aujourd’hui. Pourtant celle d’entre elles qui était scolarisée dans ce lycée l’année dernière ne s’était vu opposer aucun refus, dans aucune des disciplines, alors même qu’elle portait déjà un foulard.
On ne peut que s’interroger sur ce revirement de l’administration dont tout laisse à penser qu’il s’accompagne d’une volonté des responsables politiques de faire un exemple.
La LDH, depuis sa fondation en 1898, n’a jamais cessé d’affirmer son attachement à la laïcité de l’école et de l’ensemble de la société. C’est parce qu’elle considère que la laïcité est un des fondements de la République qu’elle a pris position, dès 1989, contre l’exclusion des jeunes filles portant foulard dès lors que l’ensemble des enseignements sont régulièrement suivis.
La LDH n’ignore pas la symbolique détestable que peut avoir, dans nombre de cas, le port du foulard. Il n’en demeure pas moins que l’alternative n’est pas entre interdire à des jeunes filles de porter le foulard en classe ou d’en être exclues. Ce serait là dénier à ces jeunes filles le droit à l’éducation. Ce serait les assigner à résidence ou favoriser le recours à des écoles confessionnelles. Une telle attitude ne pourrait d’ailleurs être ressentie par la population de confession musulmane, déjà largement victime de multiples discriminations, que comme une stigmatisation supplémentaire.
Il faut que la raison l’emporte. La LDH demande que Lila et Alma soient réintégrées dans leur lycée.
Paris, le 8 octobre 2003