Communiqué de la LDH
Jeudi 7 octobre, les travailleurs sans papiers ont occupé la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, avec le soutien des onze organisations syndicales et associatives, dont la LDH, qui se sont engagées à leurs côtés dans le mouvement de grève de l’an dernier.Le but de cette action est d’obtenir du gouvernement une décision de régularisation des 6804 participants au mouvement de grève. En effet, leurs dossiers, déposés à partir du mois de juillet, sont actuellement bloqués dans les préfectures, ou retournés à leur expéditeur sous toutes sortes de prétextes de caractère juridique (absence de tel ou tel document, etc.)
Or il est clair que le problème est politique et non pas juridique. Alors même que certains travailleurs sans papiers commencent à bénéficier du texte obtenu en juin, il est paradoxal de constater que ceux là mêmes qui ont arraché ce texte par leur action se trouvent aujourd’hui exclus de son application. L’administration a la possibilité de régulariser qui elle veut, et n’est même pas tenue de motiver sa décision. Il s’agit donc bien d’une décision politique, et il appartient au gouvernement de la prendre.
La CGT a été reçue vendredi 8 octobre au ministère de l’Immigration, et elle a pu exposer cette exigence de régularisation des 6804 participants au mouvement de grève. Le principe d’une nouvelle rencontre cette semaine semblait acquis, afin que le ministère communique sa réponse. Cette rencontre devrait avoir lieu dès le lundi 11 octobre.
Il est très important que les discussions se poursuivent au niveau gouvernemental et aboutissent à une décision ayant une portée nationale. L’un des objectifs du mouvement de l’an dernier était de soustraire la question de la régularisation des travailleurs sans papiers à l’arbitraire des préfectures. Remettre ces dernières au centre des prises de décision concernant les dossiers individuels serait un recul considérable. Le moment n’est donc pas venu de laisser filer les événements et l’heure est plus que jamais à l’unité autour de l’obtention de critères stables et décents de régularisation. Rappelons que les ex-grévistes sans papiers subissent une discrimination intolérable. Travailleurs comme les autres, ils ne se voient pas appliquer le droit commun des salariés au seul motif qu’il leur manque le seul papier qui les distingue des autres salariés, un titre de séjour.
Le lieu choisi pour l’occupation, la CNHI, signifie que l’action en cours est aussi une protestation contre le projet de loi Besson, et prend place dans le processus de mobilisation unitaire que nous menons depuis le 4 septembre contra la xénophobie d’Etat et la politique du pilori.
La Ligue des droits de l’Homme appelle à organiser et à manifester le soutien public dont les travailleurs sans papiers ont besoin, en se rendant sur place, et en participant à toutes les initiatives qui manifesteront l’engagement citoyen auprès de femmes et d’hommes qui travaillent ici, qui vivent ici et qui militent ici.
Paris, le 11 octobre 2010.