Sortie le 20 février
Prix de la réalisation documentaire au Festival de Sundance 2012, USA – Prix du meilleur documentaire au Jérusalem Film Festival 2012.
Lorsque Emad Burnat, Palestinien de Cisjordanie, s’est vu offrir une caméra pour la naissance de Gibreel, son quatrième fils, en 2005, il n’imaginait pas qu’il réaliserait un jour un long métrage. Il faut dire que c’est ce jour-là que les bulldozers israéliens sont entrés dans le village de Bil’in où ils se sont mis à abattre les arbres (des oliviers pour la plupart) pour construire le « mur de séparation » expropriant les 1 700 habitants de son village de leurs terres pour étendre et « protéger » la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour loger 150 000 colons d’ici 2020. Emad s’est donc mis à filmer non seulement Gibreel, sans oublier sa femme et ses autres fils, mais aussi les actions de résistance que les habitants de Bil’in ont commencé à entreprendre. Ils ont adopté une forme de lutte non-violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres et de continuer à aller les cultiver de l’autre coté du mur car c’est leur seule source de revenus. Emad s’attachera à filmer au plus près les villageois dans leur lutte quotidienne, et non pas seulement les violences spectaculaires recherchées habituellement par les medias.
Emad a ainsi réalisé une chronique de la résistance de Bil’in : les manifestations des villageois auxquels sont venus se joindre des pacifistes israéliens et de tous pays. La plupart du temps, il s’agit de marches plutôt bon-enfant partant du village vers le mur de séparation derrière lequel les militaires les attendent et, malgré les barbelés qui les protègent, les soldats pour disperser les manifestants tirent des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc… Emad a ainsi filmé les premières arrestations, les premiers blessés, le premier mort, l’homme le plus gentil du village que tous les enfants adoraient.
La caméra (ou plutôt les cinq caméras successives) est donc devenue un témoin, une « arme », dans la mesure où elle a servi à témoigner des violences des soldats, parfois à les calmer mais pas toujours… puisqu’elle lui vaudra d’être arrêté pour avoir filmé. Elle lui servira aussi de « bouclier » le jour où elle lui sauvera la vie en recevant la balle qui l’aurait sinon atteint en pleine tête. Par divers actes de violence des soldats, cinq caméras seront ainsi brisées.
Ce documentaire montre bien sur la durée le conflit vu de l’intérieur, la volonté des Palestiniens de coexister pacifiquement avec les Israéliens, les paradoxes qui font que les Israéliens arrêtent, blessent, tuent mais que, paradoxalement, le jour où Emad a un accident qui aurait pu lui être fatal, il est sauvé grâce aux soins prodigués dans un hôpital israélien. De même pour le montage de son documentaire, Emad fera appel au réalisateur Guy Davidi, pacifiste israélien qui a participé à de nombreuses manifestations des villageois.
Le résultat est tout d’abord un beau documentaire qui mêle vie intime, familiale et vie sociale. Il a déjà été vu par de nombreux Israéliens, il a obtenu dix-sept prix* et est même en compétition pour les Oscars à Hollywood. Ce documentaire est aussi une belle leçon de collaboration entre un Israélien et un Palestinien, une leçon d’espoir que la lutte pacifique des habitants de Bil’in, devenue emblématique, puisse un jour contribuer au rétablissement des Palestiniens dans leurs droits.
5 caméras brisées
Film documentaire 90 min – Couleurs – Palestine/Israël/France – 2012
Réalisation : Emad Burnat et Guy Davidi
Production : Allegria Productions, Guy DVD Films, Burnat Films Palestine
Distribution France : Zeugma Films
Musique : Le Trio Joubran
* Prix de la réalisation documentaire au Festival de Sundance 2012 – USA, Prix du meilleur documentaire au Jerusalem Film Festival 2012, Prix Louis Marcorelles au Cinéma du réel 2012, Festival international de films documentaires – Paris, Prix spécial du jury et Prix du public au Festival international du documentaire d’Amsterdam (IDFA) 2011, Prix du meilleur documentaire au Rooftop Films 2012 – New York, Prix du meilleur film au Traverse City Film Festival 2012 – Etats-Unis, Prix du public au Sheffield Doc/Fest 2012, Grand Prix du jury à l’Open City Docs Fest 2012 – Londres, Prix de la réalisation au One World 2012, festival international du film sur les droits de l’homme – Prague, Prix Stephen Jarl du meilleur documentaire international au festival Tempo 2012 – Stockholm, Prix du meilleur documentaire à l’Eurodok Film Festival 2012 – Norvège, Prix des étudiants et Prix du meilleur réalisateur au Movies that Matter 2012, festival de films sur les droits de l’homme – La Haye, Prix du meilleur documentaire au Durban Film Festival 2012 – Afrique du Sud, Prix du meilleur documentaire au Yerevan International Film Festival 2011 – Arménie, Prix du public à l’IFI Stranger Than Fiction 2012, festival du film documentaire de Dublin, Grand Prix Millenium et Prix The Marshall of Lower Silesia au Planete+ Doc Film Festival 2012 – Pologne, Prix du Public aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal 2012, et Prix des détenus aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal 2012.