Sortie le 27 novembre 2013
Sélectionné à Cannes pour la quinzaine des réalisateurs 2013
Athènes n’est pas l’escale de touristes en transit pour les migrants Iraniens. L’Escale est le lieu où ils ont échoué, victimes de passeurs escrocs à qui ils avaient payé un aller simple pour d’autres villes européennes, bien plus « accueillantes » dans leur imagination. Ils sont des survivants de traversées pleines de dangers et ont vu des compagnons d’infortune se noyer ou disparaître. A Athènes, ils s’entassent dans le modeste appartement d’Amir, immigré iranien arrivé depuis trois ans et ayant, lui, une autorisation de séjour. Cette ancienne buanderie est devenue un lieu de transit pour ces migrants qui, comme lui, ont fait le choix de quitter l’Iran. Ils se croyaient au bout de leurs peines mais ils devront à nouveau prendre des risques démesurés : trouver un nouveau passeur à qui ils confieront peut-être leur destin, tenter d’acheter un passeport européen, encore faut-il une vague ressemblance avec la photo ou les caractères du possesseur : changer de coiffure, porter des lentilles pour avoir les yeux bleus, et même apprendre l’espagnol pour le malchanceux qui a acheté un passeport espagnol !
L’ambiance est chaleureuse, parfois, pour quelques instants, joyeuse, parfois dramatique. Chaque geste quotidien présente un risque et l’angoisse est toujours présente : quand on attend un absent ou des nouvelles de l’ado parti rejoindre ses parents en Norvège, quand la voix de l’un d’eux s’étrangle lorsqu’il téléphone à ses parents, quand on suit la grève de la faim de l’un d’eux qui pour donner plus de force à son geste, s’est cousu les lèvres, quand on apprend que l’un d’eux, qui de guerre-lasse avait décidé de rentrer en Iran, a trouvé la mort lors d’une banale agression.
Kaveh Bakhtiari (né à Téhéran, arrivé en Suisse à 9 ans) s’est immergé dans l’univers de ces clandestins parce que, lors d’un séjour à Athènes pour présenter un de ses films, il a appris que son cousin ayant fui l’Iran était emprisonné pour immigration illégale, il l’a retrouvé à sa sortie de prison et a passé près d’un an avec lui et les autres clandestins chez Amir. Cette immersion donne toute sa force à ce documentaire tourné dans la clandestinité et qui nous fait saisir la précarité, le courage et la révolte de ces étrangers que l’Europe s’acharne à rejeter.
Dans ces temps où l’on décompte régulièrement les migrants noyés en Méditerranée, ce film nous montre une fois encore l’absurdité des politiques d’asile et d’immigration européennes.
L’Escale
Documentaire France, Suisse, 2013
Durée : 1h40 min
Réalisation : Kaveh Bakhtiari
Production : Louise productions et Kaleo films
Distribution : Epicentre Films
Retrouvez ci-dessous le message des neuf associations qui soutiennent le film :
« Nous soutenons L’Escale, tant pour l’authenticité de ses personnages
que pour la réalité tragique à laquelle ils sont confrontés au quotidien,
victimes des manquements de la législation ou de ses applications aléatoires. Ce film montre l’urgence de la mise en œuvre d’une politique migratoire européenne respectueuse des droits de tous les migrants et réfugiés. »
ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture)
ADDE (Association des avocats pour la défense des droits des étrangers)
Amnesty International
FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme)
LDH (Ligue des droits de l’Homme)
Migreurop
Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
RESF (Réseau éducation sans frontières)
UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés)