On ne saura pas pourquoi Tania a quitté la Russie avec son fils Ivan, qui a treize ans. Sans doute parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Elle vit avec lui, pour lui, elle travaille, il va à l’école et porte un appareil dentaire comme les autres petits garçons, elle veut juste qu’il ait une vie normale. Jusqu’au jour où elle reçoit une OQTF.Elle se fait faire de faux papiers au nom d’une Biélorusse – venir d’une dictature reconnue comme telle, c’est moins dangereux – et se brûle les doigts au fer à repasser pour effacer ses empreintes digitales. Mais elle est arrêtée lors d’un contrôle et envoyée en détention.
C’est l’histoire de ce processus illégal que raconte le film : comment des gens qui n’ont rien de criminel sont enfermés, soumis à des fouilles au corps humiliantes et à des interrogatoires brutaux après avoir été drogués, attachés pour être mis de force dans des avions, tabassés parce qu’ils ne se laissent pas faire. Ils ont droit à un avocat, un soutien psychologique, leur embarquement est filmé par la police : mais dans la voiture de police du retour il n’y a plus ni avocat, ni passagers scandalisés, ni caméra pour les protéger. Des policiers qui se défoulent – mais on voit aussi dans le film une policière que ce système inhumain fait craquer.
Tania résiste, refuse de donner son identité, se tait obstinément. Ce qu’elle veut, c’est retrouver Ivan. Aïssa, sa compagne de détention malienne, encore plus farouche, connaît un destin tragique.
Les militants des droits de l’Homme n’apprendront rien qu’ils ne sachent déjà. Mais la force silencieuse de ces images, ces portraits de femmes en résistance, la rage qui anime d’un bout à l’autre le récit en font une belle incarnation d’un de leurs principaux combats.
Au fait l’histoire se passe en Belgique. Mais il n’y a pas un mot à changer.
Illégal
Fiction, 2010
1h 35’
Réalisation : Olivier Masset-Depasse
Production : Versus Production
Distribution : Haut et Court
Au cinéma depuis le 13 octobre
Plus d’informations sur : www.illegal-lefilm.fr