Communiqué LDH
Durant la guerre d’Algérie, les harkis ont été utilisés sans scrupules par les autorités françaises, et, à la fin de celle-ci, beaucoup d’entre eux ont été scandaleusement abandonnés alors qu’ils étaient menacés, tandis que ceux qui ont alors trouvé refuge en France avec leurs familles ont été ensuite victimes de multiples discriminations. La Ligue des droits de l’Homme estime que ces familles sont en droit de demander aux plus hautes autorités françaises qu’elles reconnaissent cette instrumentalisation, cet abandon, puis cette relégation en France pendant des décennies, elle soutient le rassemblement organisé par un collectif de familles d’anciens harkis, le dimanche 12 mai 2013, à 10 heures, face à l’entrée principale du Palais de justice, à Paris. Cette date du 12 mai a l’inconvénient de renvoyer à la seule responsabilité d’hommes comme Pierre Mesmer, Christian Fouchet ou Louis Joxe, qui avaient par ailleurs le mérite de rechercher une solution politique au drame algérien, et elle laisse de côté celle d’hommes et de forces qui n’ont cessé de préparer, de prolonger et d’utiliser ce drame. Celle, notamment, de Raoul Salan, chef d’état major de l’armée en 1957 et 1958, qui a poussé à l’enrôlement massif de harkis, puis comme chef de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) en 1961 et 1962, qui a combattu les efforts pour une transition pacifique vers l’indépendance de l’Algérie, au risque d’accentuer gravement leur mise en danger en entravant l’intégration de certains d’entre eux dans la « force locale ». La LDH estime que cette question, longtemps instrumentalisée par les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française, doit échapper clairement à leur discours idéologique pour devenir un objet d’histoire. C’est dans cette perspective qu’elle apportera son soutien aux organisateurs de ce rassemblement et à leurs demandes légitimes.
Paris, le 6 mai 2013