Communiqué LDHPour la LDH, si le RSA améliore les conditions de vie de personnes éloignées de l’emploi, c’est qu’il correspond à une mesure d’urgence sociale. L’accumulation sur les mêmes personnes des éléments d’exclusion sociale ne pouvait plus attendre.
Mais on peut légitimement craindre les effets de long terme d’un dispositif qui ne doit pas aboutir à remplacer le chômage de longue durée par une précarité renforcée.
– Dans la définition de ses bénéficiaires : les jeunes de moins de 25 ans, les salariés à temps partiel, singulièrement les femmes n’y ont pas droit ; les conditions d’attribution pour les étrangers ont été fortement aggravées, et doivent être dénoncées comme des discriminations.
– Dans son financement : le gouvernement a de fait exonéré les plus riches des contribuables de cette solidarité et il s’agit d’une écriture comptable à somme nulle.
– Dans sa philosophie : l’idée que les futurs bénéficiaires du RSA choisissent de dépendre des allocations de remplacement plutôt que du travail, faire croire que sur le marché du travail, c’est le choix des individus qui dirige la reprise d’un emploi est un mensonge, qui débouche sur la suspicion et la surveillance stigmatisantes des bénéficiaires.
– Dans ses effets collatéraux : rien n’est prévu dans les mesures d’accompagnement pour que le RSA ne se résume pas à un instrument de plus de la gestion de l’emploi au meilleur prix par des effets d’aubaine et de substitution.
Pour la LDH, le RSA pourrait être l’occasion de débattre au fond du droit à l’emploi. La lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales devrait déboucher à terme sur un retour au droit commun pour toutes et pour tous, et non pas sur la pérennité de dispositifs ciblés, sous condition de ressources, de famille et de nationalité, qui nourrissent la fragmentation sociale, la dévalorisation des personnes, et le contrôle abusif des bénéficiaires.
Paris, le 23 septembre 2008