Communiqué REMDH
Le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) condamne avec la plus grande vigueur la campagne de répression que continuent de mener les autorités syriennes contre le mouvement de protestation pacifique, et s’indigne des attaques répétées contre la population civile. Vendredi 8 juillet, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la plupart des villes du pays pour exprimer leur solidarité avec les victimes des violences perpétrées par le régime, leur aspiration démocratique et le rejet de l’initiative de « dialogue national » annoncée par le gouvernement. Les services de sécurité et les milices « Chabiha» auxiliaires du régime ont une nouvelle fois ouvert le feu à balles réelles pour disperser les manifestants. En parallèle, les services de sécurité ont continué de mener des campagnes d’arrestations massives, notamment dans la banlieue de Damas et à Homs, et de pratiquer la torture de façon systématique et à grande échelle.
Les forces armées ont également attaqué vendredi les manifestants rassemblés à Harasta (près de Damas) au moyen de bombes contenant des objets métalliques, un armement conçu pour faire un maximum de blessés et dont l’usage est interdit par le droit international en toute circonstance. Une source médicale fait état de dizaines de blessés, tous mutilés à des degrés divers. Selon les informations reçues de témoins oculaires, les services de sécurité ont ensuite attaqué les personnes blessées, et mené de nombreuses arrestations. Afin de réprimer le mouvement de contestation, les autorités syriennes ont à de nombreuses reprises recouru à des moyens militaires contre la population civile. Des tanks ont été successivement déployés aux alentours de plusieurs villes où des manifestations s’étaient tenu afin de soutenir les raids menés par les services de sécurité sur les habitations. L’armée a bombardé sans discernement plusieurs localités. « Le régime syrien ne se contente plus de réprimer le mouvement de contestation, il a déclaré la guerre à son peuple » a déclaré Kamel Jendoubi, Président du REMDH, « le caractère massif et systématique de la répression, le recours répété à des moyens militaires contre des civils en violation de tous les principes du droit international humanitaire indiquent clairement que des crimes contre l’humanité sont commis en Syrie ».
A ce jour, de nombreuses villes et villages restent assiégés par l’armée, entrainant une dégradation inquiétante de la situation humanitaire. A Banyas et dans les villages alentours notamment, la population manque de produits de base et de médicaments. Le REMDH s’inquiète de l’impossibilité de contrôler de façon indépendante que les denrées humanitaires sont bien délivrées à leurs destinataires. Depuis le début de la répression, au moins 1600 civils ont été tuées par les services de sécurité, auxquelles s’ajoutent plus de 13 000 personnes détenues ou faisant l’objet de disparitions forcées. La découverte de fosses communes dans plusieurs régions du pays fait craindre un bilan encore plus lourd, alors que les autorités continuent d’interdire l’accès au pays aux observateurs indépendants.
Le REMDH condamne avec la plus grande fermeté les violations massives des droits humains perpétrées par les autorités syriennes contre la population civile et rappelle que le droit international interdit le recours à la force armée contre des civils désarmés. Le REMDH exprime son soutien aux manifestants pacifiques en Syrie et reconnaît la légitimité de leurs revendications. Il demande aux autorités syriennes de mettre un terme immédiat à tout acte de violence contre la population, de retirer les forces armées des villes, de libérer l’ensemble des prisonniers d’opinion et de garantir le droit des citoyens de manifester pacifiquement. Le REMDH demande également aux autorités syriennes d’autoriser les organisations humanitaires, les médias arabes et internationaux et les observateurs indépendants à accéder au pays et à travailler librement. Le gouvernement syrien doit en particulier accorder un accès sans réserve à la mission d’établissement des faits établie par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme (résolution S-16/1, 29 avril).
Le REMDH demande instamment à l’Union européenne et à la communauté internationale d’agir afin que les personnes impliquées dans des violations graves des droits humains en Syrie soient jugées, en particulier en exigeant l’adoption d’une résolution du conseil de sécurité des Nations Unies qui renvoie devant la cour pénale internationale les éléments relatifs à la commission de crimes contre l’Humanité.
Copenhague, le 12 juillet 2011.