Depuis toujours, nous disons que l’égalité femmes – hommes est une condition indispensable pour faire progresser notre société. Et faire progresser la société c’est faire progresser la démocratie. En France, nous avons une Constitution et des lois qui affirment le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous avons un gouvernement paritaire et, comme nous le réclamions, un Ministère de plein exercice avec une Ministre en charge des droits des femmes. La loi française est égalitaire. Le problème, c’est pour que l’écart entre l’égalité formelle et la réalité s’amenuise, il faudrait que les lois soient effectives.
Malgré les résistances du patriarcat universel, la force des luttes des féministes, associations, éluEs, professionnelLEs, citoyenNEs ont rendu les revendications à l’égalité audibles et visibles. La représentation des femmes en politique progresse, mais bien lentement. On ne compte encore que 26,6 % de femmes à l’Assemblée, 21,8 % au Sénat. Nous voulons non seulement des droits, mais un accès effectif aux droits. Que toutes les femmes et particulièrement les plus fragiles – jeunes, retraitées, femmes migrantes – puissent travailler, se loger, se soigner.
Car ce que nous n’avons pas, c’est l’égalité réelle. Et les crises, financière, économique et sociale, nous en éloignent encore plus, avec une politique de restrictions budgétaires, une dégradation des services publics de santé et d’accueil de la petite enfance. Les inégalités croissantes et la dégradation de l’emploi touchent d’abord les femmes. Elles sont les premières exposées à la pauvreté.
Les enjeux de l’égalité professionnelle sont immenses. Une enquête européenne de 2011 nous apprend qu’une femme devrait travailler 59 jours de plus sur une année pour gagner le même salaire qu’un homme à compétence égale. Le temps partiel est largement responsable de la précarité féminine ; il aggrave la sur-représentation des femmes dans les bas salaires. Il est urgent de diversifier les recrutements, y compris au plus haut niveau, de réduire la division sexuée du travail. Nous voulons une politique de l’égalité dans l’éducation, l’orientation et la formation professionnelle.
Le contenu de l’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 conclu entre le Medef et certains syndicats est-il une avancée pour les droits des femmes ? Il est très contesté, d’une part concernant sa légitimité – les syndicats signataires ne représentant qu’une minorité des salariéEs –, d’autre part sur son contenu. S’agit-il une fois encore d’une discrimination indirecte, c’est-à-dire d’une absence de réflexion politique sur les conséquences d’une loi d’apparence universelle ? Ainsi en fut-il de la loi Fillon sur les retraites !
Les luttes féministes ont fait passer la question de la violence contre les femmes dans la sphère politique, du fait divers au fait de société. Lutter contre ces violences, c’est prendre en compte leur dimension sociale et économique. La question de la traite et de la prostitution vient s’inscrire dans ces violences, du fait des migrations, des conditions d’injustice économiques croissantes et de leur impact désastreux sur les conditions de vie. Mais comment lutter contre les violences sans mise en place d’un dispositif national d’identification des victimes et de données statistiques fiables ? Comment lutter contre les réseaux mafieux transnationaux sans coordination internationale suffisante ?
Nous n’attendons pas seulement du gouvernement des propositions « ambitieuses », des mesures « historiques », des évènements « majeurs », mais un changement du réel dans l’application des avancées des droits des femmes. L’action menée depuis plusieurs mois par la Ministre et son équipe témoigne d’une volonté d’impulser une véritable politique de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les premières mesures, comme le remboursement de l’IVG, les annonces pour l’effectivité des mesures sur l’éducation à l’égalité et à l’égalité professionnelle vont dans le bon sens. Le Haut Conseil à l’Égalité des Femmes et des Hommes, la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), l’instauration de la parité dans toutes les instances universitaires et du supérieur sont actés. Mais toutes les actions programmées pourront-elles être mises en œuvre avec un budget de 23,3 millions d’euros ? Les lois à venir dites de « troisième génération », – parité, égalité professionnelle, luttes contre les violences, statut personnel des femmes étrangères -, seront-elles aussi peu appliquées que les précédentes ?
Cette nouvelle journée internationale de lutte pour les droits des femmes, ce 8 mars 2013, est l’occasion de rappeler notre exigence d’une société différente, plus libre, plus égale, moins discriminante, plus responsable des droits de toutes et de tous.