Le Collectif Romeurope et le comité de soutien aux familles roms du Val de Marne condamnent et dénoncent la méthode mise en oeuvre soigneusement par la Préfecture qui a poussé les familles roms installées sur le terrain de Créteil à partir à la recherche d’autres lieux précaires dans la région, dans les communes proches.
En effet depuis quelques semaines, les représentants de la préfecture ont procédé à un véritable harcèlement psychologique en intimant aux familles de quitter les lieux avant le 1er décembre et en les menaçant d’arrestation, renvoi en Roumanie et destruction de leurs caravanes-habitat, si elles n’exécutaient pas cet ordre.
Toutes les familles ont quitté le terrain. Elles ne sont pas parties en Roumanie, où elles estiment que leurs conditions de vie sont pires. Elles sont restées sur le département s’éparpillant sur plusieurs communes aux alentours. Elles viennent d’autres lieux d’où elles ont été expulsées (Choisy le Roi, Melun, …). Elles reprennent l’errance qui leur est imposée depuis des années.
Que vont devenir ces familles alors que l’hiver s’installe ? Auront-elles des abris avec de l’eau ? de l’électricité ? Les enfants pourront ils aller à l’école ? Certains y allaient d’autres pouvaient y prétendre. Que vont devenir les personnes malades, dont certaines gravement et qui avaient rendez-vous ces jours-ci à l’hôpital ?
Qu’importe à nos représentants de l’Etat ! La Préfecture est satisfaite de ne pas avoir eu à mobiliser plusieurs compagnies de CRS. La mairie de Créteil, qui n’a strictement rien fait, est déchargée et trouvera le moyen de dire -comme d’autres avant elle- qu’elle n’avait pas voulu cela et qu’elle dénonce tout déplacement sans solution.
Cette politique est aveugle et irresponsable et ne fait que déplacer les problèmes. Il est inadmissible que les expulsions qui ne disent pas leur nom soient la seule solution proposée par un Etat qui bafoue les droits les plus élémentaires.
Depuis plusieurs semaines, les familles soutenues par les associations du comité de soutien (cf en encadré notre lettre du 1er novembre) demandaient un moratoire et la possibilité de rester jusqu’à ce que des solutions soient enfin trouvées.
Tout ceci alors que des communes, conscientes des insuffisances de l’Etat qu’elles dénoncent, commencent à mettre en place des mesures de solidarité pour ces personnes qui seront bientôt des citoyens européens et que des élus d’Ile de France ont signé un appel allant dans ce sens.
Des dizaines de personnes ont repris leur errance, sachant qu’elle seront à nouveau chassées du terrain où elles vont tenter de s’installer.
Histoire de Daniela et sa famille
Daniela est une enfant de 10 ans qui est scolarisée à Orly depuis 1999. Elle vit avec sa mère Lucie, son père et sa petite sœur sur le terrain de Créteil depuis un an après avoir erré en 1996 entre Lieusaint, Orly, Choisy le Roi puis Orly. Cette famille a même tenté quelques mois un retour en Roumanie.
Retour impossible tant la situation pour eux est impossible en Roumanie (pire qu’en France). Malgré tous les déplacements forcés, la petite Daniela va à l’école régulièrement et fait chaque jour le déplacement de Créteil à Orly. Le départ de Créteil sans solution proposée comme hébergement va rendre encore plus difficile les déplacements.Mais Daniela ira encore à l’école tant c’est important pour elle et ses parents. Et cela malgré le harcèlement des uns et la froide indifférence des autres.
Nous écrivions au mois de novembre au préfet du Val de Marne
Monsieur le Préfet, que comptez vous faire, après le 1er décembre, pour les habitants du bidonville de Créteil (qui a grossi suite au démantèlement du camp de Choisy le roi) ? Les déplacer pour que ces familles poursuivent leur errance et aillent grossir un peu plus loin un nouveau bidonville ?Essayer de les désespérer encore un peu plus ces populations en arrêtant les quelques aides sociales et humanitaires mises en place et en stoppant la scolarisation des enfants qui commençait à s’organiser ? Ne croyez vous pas, Monsieur le Préfet qu’il est encore temps pendant tout ce mois de novembre pour réfléchir (Préfecture, Services de l’Etat, Municipalités, associations, familles roms…) à de véritables procédures d’hébergements.
Sans réponse à ce jour. Le 2/12/03
Le 1er Décembre 2003.
Collectif national droits de l’homme Romeurope : ALPIL ( Action pour l’insertion sociale par le logement), ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs )AVER (Centre de recherche et d’action sur toutes les formes de racisme)CIMADE ( Comité intermouvements auprès des évacués)LDH ( Ligue des droits de l’homme)MDM ( Médecins du Monde)MRAP ( Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)Mouvement catholique des gens du voyage, Romani Baxt ( Destin rom)Ternikano Berno ( Cercle de la jeunesse)URAVIF ( Union régionale des associations voyageurs d’Ile de France)
Et le Comité de soutien aux familles roms du Val de Marne Soutenu par :
Médecins du Monde, la LDH, le MRAP, UL CFDT, GISTI, L’ASAV, ATD Quart Monde, Droit au Logement, Droit Devant, Sud Education, FSU, CGT Educ-action, Mosaïque, L.C.R., Les VERTS, C.S.F. Thiais, Associations composant le collectif ROMEUROPE…
Contacts : LDH, Espace Associations – Centre Culturel, place du Fer à Cheval – 94310 – ORLY
Mosaïque : 91 av d’Alfortville – 94600 – Choisy le Roi