Questionnaire aux candidats à l’élection présidentielle

Réponse de Robert Hue

Pour la quatrième fois, depuis octobre 2006 : expulsion imminente de la famille POPOV
Famille ISUFI au désespoir au Centre de Rétention de PLAISIR, qui risque d’être expulsée AVANT l’audience à la Commission de Recours des Réfugiés.

Monsieur le Député,

Avant de vous prier de prendre un peu de votre temps pour essayer de sauver au moins les enfants, et si possible les parents de cette famille pour laquelle vous nous avez déjà aidés, nous tenons à soulever auprès de vous deux points extrêmement importants, puis de poser à vous-même et à vos collègues un certain nombre de questions concernant les étrangers en France.

1 / Non seulement nous, collectif CAIR aujourd’hui CIMADE, ne vous avons jamais menti, mais nous avons l’intime conviction que Vladimir et Yekaterina POPOV nous ont dit la vérité quant à la mort du second mari de la mère de Madame POPOV à son retour au Kazakhstan.

En revanche, Monsieur Franck CHAULET, Directeur de Cabinet de la Préfète des Ardennes, a convoqué la presse le vendredi 26 janvier 2007 pour parler du « résultat » de l’enquête concernant la famille POPOV, diligentée au Kazakhstan, et a également convoqué notre collectif, à la même heure bien que nous n’ayons pas été autorisés à rester dans la salle où avait lieu le point presse. Or, s’il est vrai qu’il a brandi des feuillets, en présence de Madame Nadine ESTERMANN et de Monsieur Dimitri BOCQUET, il nous a refusé le droit de les voir, de les lire et à fortiori de les avoir en main, disant que n’étant pas l’auteur du document, il n’était pas autorisé à nous le laisser consulter. Que ce document prouvait que le certificat de décès du beau père de Yekaterina POPOV n’était pas authentique. Bien évidemment il ne nous a fourni aucun élément qui puisse laisser penser que cette personne était vivante.

Nous lui avons donc écrit ensuite par courrier recommandé avec avis de réception, avec procurations de Vladimir et de Yekaterina POPOV afin que nous puissions consulter ce document, conformément à l’article 3 de la loi du 17 juillet 1978, qui dispose que : « toute personne a le droit de connaître les informations contenues dans un document administratif dont les conclusions lui sont opposées », courrier que nous avons adressé en copie aux autres personnes présentes lors de la réunion du 26 janvier 2007.

Nous n’avons pas eu la moindre réponse.

2 / Nous posons maintenant des questions à l’ensemble des élus, des hauts fonctionnaires, du peuple français :

– D’une manière particulière, POURQUOI faire preuve d’un tel acharnement contre cette famille qui, en France, ne s’est jamais fait remarquer par une attitude négative, n’a jamais commis de délit, n’a jamais participé à un trouble de l’ordre public ; une famille qui fait preuve d’une intégration parfaite, parle couramment le français, a deux enfants nés en France. Madame POPOV, fille unique n’a plus aucune famille au Kazakhstan, alors que sa mère et son demi-frère (français), vivent en France. Alors que Monsieur POPOV a une promesse d’embauche dans une importante entreprise ardennaise, et qu’ils ont tant à Angers qu’à Charleville des amis et des personnes alliés par le père du petit frère de Yekaterina.

– Comment avoir le coeur de renvoyer au Kazakhstan, endroit où ils sont indésirables, comme tous les membres des minorités, mais encore plus de la minorité russe, cette famille aujourd’hui démunie de tout dans un pays dont ils ne parlent pas la langue officielle, où PERSONNE NE LES ATTEND, où personne ne les souhaite, où ils n’ont rigoureusement rien, où ils vont débarquer avec deux très jeunes enfants sans point de chute, sans logement, sans argent, sans emploi vraisemblablement pour longtemps, et sans certificat de résidence (propiska) indispensable pour obtenir tout cela, et de plus précédés par une demande de renseignement des services de police français à la police du Kazakhstan.

– Comment ne pas décider d’appliquer, dans des cas aussi visiblement extrêmement difficiles pour les personnes qui en sont victimes, un minimum d’humanité, de compassion, de principe de précaution.

– Le père de la famille ISUFI, est arrivé en France, lors de leur deuxième tentative d’y être protégés, plus tard que la mère et les quatre enfants, parce qu’il était hospitalisé suite aux terribles traitements infligés par des extrêmistes albanais. On lui fait payer ainsi son alliance avec les serbes au moment de la guerre de 1998 – 1999. Il est également le seul à avoir des preuves des persécutions subies. Or, le reste de la famille a déjà reçu des réponses négatives de l’OFPRA et de la Commission de Recours des Réfugiés. Avant que lui même ait pu se rendre à une audience de la Commission de Recours des Réfugiés, dont la date n’est pas encore déterminée, il a été arrêté à Revin avec sa famille afin d’être reconduit au Kosovo. Or, s’il n’est plus en France, en dehors des risques encourus au Kosovo, son dossier ne sera sans doute plus traité par la CRR. On le prive donc d’une juridiction à laquelle il a droit.

Des billets d’avion seraient prêts pour le 12 septembre. Nous vous demandons votre aide afin que cette famille ne soit pas expulsée, au moins, jusqu’à l’audience du père à la CRR.

3 / Nous nous adressons enfin aux femmes et aux hommes qui votent nos lois :

– Comment peut-on à l’avance fixer un nombre, alors qu’il s’agit de dossiers d’individus A ETUDIER ?

– Comment peut-il y avoir une « productivité  » à atteindre, et une prime attribuée pour atteinte de productivité, alors qu’il s’agit d’humains ?

– Comment accepter de plonger ainsi des hommes, des femmes, des enfants dans la peur, le désespoir, le danger ?

– Comment accepter que des enfants voient leurs parents non malfaiteurs, menottés ?

– Comment supporter que des enfants vivent des semaines en centre de rétention administrative où pourront leur manquer éléments d’hygiène et nourriture ? (couches et lait en poudre en ce qui concerne le petit Geoffrey POPOV, au CRA d’OISSEL, près de ROUEN) ;

– Comment accepter qu’aujourd’hui des enfants soient réveillés par des policiers et embarqués ?

– Comment accepter que les chaises des enfants inscrits à l’école soient vides à la rentrée ?
De plus :

– Pourquoi alors que l’on manque de main d’oeuvre, expulse-t-on des familles dont l’un des parents, et parfois même les deux travaillent depuis longtemps en France ?

– Pourquoi dans ce même contexte, expulse-t-on des familles de demandeurs d’asile qui ont des promesses d’embauche ?

et maintenant plus particulièrement dans les Ardennes, par ailleurs très touchées par le chômage :

– Pourquoi, en même temps, fait-on venir, comme à Warcq, des travailleurs étrangers, sans leur famille et qui ne parlent pas français ? Et qui s’assurera que les droits de ces travailleurs « importés » seront respectés ?

Nous nous tenons bien sûr à votre entière disposition pour vous donner toutes précisions, tous documents concernant tous les points soulevés et adressons une partie de ce message à plusieurs de vos collègues élus.

Nous vous remercions à l’avance, sachant que comme à votre habitude, vous étudierez ces diverses questions et ferez ce qui est en votre pouvoir.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de notre très sincère considération.

Pour le CAIR CIMADE DES ARDENNES

Arlette SAUVAGE

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