L’attitude du gouvernement de l’Irak a été constamment condamnée par tous les États représentés au Conseil de sécurité. Elle est en effet intolérable. Depuis 1991, Saddam Hussein, qui exerce sur le peuple irakien une cruelle dictature, n’a cessé de défier l’ONU en se dérobant aux engagements pris d’appliquer les résolutions en échange de l’arrêt des combats. Il n’a cessé en particulier d’entraver l’activité de la commission internationale, chargée de déceler les dépôts d’armes de destruction massive.
Il renouvelle aujourd’hui la tentative déjà faite en novembre 1997 de paralyser définitivement ces opérations de contrôle.
Mais tenter de faire céder cette résistance par un recours à l’usage de la force, sous la forme de bombardements aériens, et dans les conditions où ce recours est actuellement envisagé, par décision du seul gouvernement des Etats-Unis, c’est faire surgir deux graves dangers : d’une part provoquer de lourdes pertes dans la population civile de l’Irak sans que le but visé soit atteint, d’autre part altérer gravement la situation dans l’ensemble du Proche-Orient.
La preuve a été faite depuis 1991 que l’embargo imposé à l’Irak, sans ébranler le pouvoir de Saddam Hussein, n’a eu d’autre effet que d’infliger au peuple irakien de lourdes souffrances et une mortalité intolérables. Il faut ouvrir, sous l’autorité du secrétaire général des Nations unies, une nouvelle négociation pour mettre fin à l’embargo et obtenir une totale liberté de mouvement pour la commission de l’ONU.
Quant au respect des décisions prises par l’ONU, condition indispensable à la substitution dans les relations internationales d’un État de droit aux simples rapports de forces, il ne pourra être obtenu que si ces décisions sont appliquées avec la même rigueur dans toutes les situations : pour mettre fin aux provocations de Saddam Hussein, mais également pour mener à son terme le processus de paix engagé en septembre 1993 par les Israéliens et les Palestiniens.
Paris, le 16 février 1998