Lettre ouverte commune, signée par Malik Salemkour, président de la LDH, adressée à Emmanuel Macron, président de la République
Monsieur le Président,
Voilà maintenant plus d’un an que notre pays traverse une crise sanitaire, économique et sociale d’une envergue inégalée pour notre pays.
Un an que les plus fragiles souffrent et subissent de plein fouet les conséquences de cette crise.
Un an que nous voyons les indicateurs de pauvreté exploser.
Un an que vous avez prononcé les mots « quoi qu’il en coûte ».
Face à un virus qui circule activement, et continue malheureusement de tuer, nous avons pu mesurer l’importance d’avoir un logement décent pour se confiner, permettant ainsi à des millions de ménages de se protéger.
Le logement, au même titre que l’accès à l’eau et à l’électricité, est un bien de première nécessité. Plus largement, pour la Confédération nationale du Logement, c’est un enjeu fondamental de la dignité humaine, synonyme d’épanouissement et d’émancipation.
Depuis le début de cette pandémie, la Confédération Nationale alerte sur les conséquences de cette crise sur des milliers de ménages.
Aussi, nous sommes particulièrement inquiets de la possible reprise de expulsions locatives à compter du 1er juin 2021, comme l’a confirmé récemment votre Ministre déléguée au Logement, Madame Emmanuelle Wargon.
Les indicateurs économiques, vous le voyez Monsieur le Président, sont au rouge.
Aussi, alors que nous savons que de très nombreux ménages, du fait de perte de ressources importantes, sont aujourd’hui en situation de fragilité financière et sont, pour un grand nombre d’entre elles, dans l’incapacité de payer leur loyer, nous considérons qu’il est l’heure d’appliquer le « quoi qu’il en coûte » à destination des locataires mais aussi des accédants à la propriété.
N’ajoutons pas à la situation économique et psychologique dramatique, l’angoisse d’une expulsion pour des milliers de ménages.
Une expulsion locative n’est pas un simple acte administratif, c’est un drame humain. Une expulsion locative marque un traumatisme irrémédiable.
Les traumatismes sont immenses et des vies entières peuvent être broyées par une procédure d’expulsion.
L’expulsion est une pratique barbare, qui piétine le droit au logement alors même que celui-ci est reconnu par le pacte des droits sociaux des Nations Unies, ratifié par la France.
Monsieur le Président de la République, à période exceptionnelle, mesure exceptionnelle.
Nous croyons que dans ces moments particuliers que nous traversons, il n’y a pas de place pour le dogmatisme. C’est l’intérêt général et la protection des plus fragiles qui doivent nous animer collectivement.
Aussi, Monsieur le Président de la République, la Confédération Nationale nous vous demandons solennellement de prolonger la trêve hivernale jusqu’au mois d’octobre et de déclarer l’année 2021 « année zéro expulsion ».
La France, 6ème puissance économique mondiale, qui vient d’enregistrer 4 nouveaux milliardaires selon le dernier classement du magazine Forbes, ne peut pas se permettre de mettre des gens dehors et de les priver d’un toit, élément fondamental de la dignité humaine.
Monsieur le Président de la République, dites non aux expulsions locatives. Protégez les plus fragiles en prolongeant la trêve hivernale jusqu’au 31 octobre !
Monsieur le Président, appliquez-le « quoi qu’il en coute » aux habitantes et aux habitants.
Si comme vous l’affirmez « nous sommes en guerre », assurez leurs protections et soyez solidaire.
Face à l’urgence de la situation et face au risque d’explosion du nombre de personnes expulsables, la Confédération Nationale du Logement et les signataires de l’appel vous demandent, Monsieur le Président de la République, de prolonger la trêve hivernale jusqu’au 31 octobre 2021 !
Pour une solidarité nationale,
pour une prolongation de la trêve hivernale !
Listes des premiers signataires :
Eliane Assassi, Sénatrice (PCF) – Manon Aubry, Députée européenne (LFI) – Martine Aubry, Maire de Lille – Julien Bayou, Secrétaire national EELV – Assia Benziane, 11e adjointe au maire de Fontenay-sous-Bois déléguée aux droits des femmes, à l’égalité et aux relations internationales – Olivier Besancenot, Membre de la direction du NPA et ancien candidat à l’élection présidentielle – Manuel Bompard, Députée européen (LFI) – Alain Bruneel, Député (PCF) – Anthony Caillé, Syndicaliste CGT-Police, Emilie Cariou, Députée (Nouveaux démocrates) – Leïla Chaibi, Député (LFI) – Laurence Cohen, Sénatrice (PCF) – Eric Coquerel, Député (LFI) – David Cormand, Député européen (EELV) – Cécile Cukierman, Sénatrice (PCF) – Jean-Paul Dufrègne, Député (PCF) – Elsa Faucillon, Députée (PCF) – Léa Filoche, Adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion – Fabien Gay, Sénateur (PCF) – Guillaume Gontard, Sénateur (président du groupe écologiste, solidarité et territoires) – Eddie Jacquemart, Président national de la CNL – Sébastien Jumel, Député (PCF) – Pierre Laurent, Sénateur (PCF) – Claire Lejeune, Co-fondatrice de Résilience Commune – Jean-Luc Mélenchon, Député (LFI) – Sophie Moisy, Adjointe au maire du Mans, en charge du rayonnement de la ville, jumelage et patrimoine – Danièle Obono, Députée (LFI) – Marilyne Poulain, Direction Confédérale CGT – Pilote du Collectif Immigration CGT – Mathilde Panot, Députée (LFI) – Stéphane Peu, Député (PCF) – Audrey Pulvar, Maire adjointe de la ville de Paris et ancienne journaliste – Sandra Regol, Secrétaire nationale adjointe EELV – Muriel Ressiguier, Députée (LFI) – Philippe Rio, Maire de Grigny – Fabien Roussel, Député (PCF) – François Ruffin, Député (LFI) – Pascal Savoldelli, Sénateur (PCF) – Gabrielle Siry, porte-parole du PS – Aurélien Taché, Député (Nouveaux démocrates) – Sophie Taillé-Polian, Sénatrice (Génération.s) – Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)