Après Gaza, Israël fait la guerre au Liban

Communiqué commun FIDH, EuroMed Droits et le Centre libanais des droits de l’Homme (CLDH)

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), son organisation membre libanaise, le Centre libanais des droits de l’Homme (CLDH), et EuroMed Droits condamnent l’agression militaire israélienne en cours au Liban. Toutes les attaques contre les civils de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise, par Israël ou le Hezbollah, doivent cesser et les troupes israéliennes doivent quitter immédiatement le territoire libanais.

À ce jour, les frappes aériennes israéliennes, qui se sont intensifiées depuis le lundi 23 septembre, ont fait plus de 1 640 morts, dont plus de 104 enfants et 194 femmes, ainsi que des membres du personnel paramédical. En outre, environ 10 000 personnes ont été blessées, selon le ministère libanais de la santé. Ces chiffres continuent d’augmenter, soulignant l’urgence d’une action immédiate pour mettre fin à cette violence. Les frappes israéliennes ont visé plusieurs régions du Liban, forçant près d’un demi-million de personnes à fuir vers des zones plus sûres et à chercher un abri, selon le ministre libanais des affaires étrangères. Il est désormais clair qu’Israël a entamé sa guerre contre le Liban, des rapports faisant déjà état d’incursions « limitées » de troupes au Sud-Liban. Ces incursions font craindre une invasion terrestre plus importante, qui rappellerait les expériences traumatisantes de 1978, 1982, 1993, 1996 et 2006.

Israël prétend intervenir en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies, qui prévoit le droit de légitime défense individuelle ou collective en cas d’attaque armée contre un membre des Nations unies. Toutefois, une attaque doit répondre aux critères de la légitime défense en vertu de la Charte, c’est-à-dire qu’elle doit être nécessaire et proportionnée à l’attaque initiale. Lorsque la réponse est excessive, n’est pas nécessaire ou ne constitue pas un acte légitime de légitime défense, elle peut alors être qualifiée d’agression, un crime au regard du droit international. Compte tenu de l’ampleur des attaques israéliennes contre des zones civiles fortement peuplées, celles-ci peuvent être considérées comme une violation flagrante de l’article 51 et constituent un crime d’agression au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies, nécessitant l’intervention du Conseil de sécurité de l’ONU.

En outre, les importants dommages collatéraux causés par ces attaques sont contraires aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier à la quatrième convention de Genève, qui prévoit la protection des populations civiles pendant les conflits armés. Les atteintes aveugles aux civils violent l’obligation de distinguer les combattants des civils et d’éviter les atteintes disproportionnées à la vie civile. Il s’agit d’un crime de guerre.

Israël doit être empêché de poursuivre l’escalade

Les organisations signataires considèrent qu’il est particulièrement pénible d’assister à la déshumanisation continue des civils libanais. Le soutien tacite ou ouvert de plusieurs gouvernements occidentaux à l’escalade en cours et aux bombardements aveugles de radiomessagerie et de talkies-walkies des 17 et 18 septembre – qui ont causé la mort d’au moins 37 personnes, dont deux enfants, et fait 2931 blessés, parmi lesquels des enfants et des professionnels de la santé – est inacceptable. Le bombardement et l’élévation de bâtiments d’habitation à des fins d’assassinat ne peuvent être définis « comme une mesure de justice », comme l’a fait le président américain Joe Biden, légitimant une vision des relations internationales qui substitue entièrement la violence au droit.

Les dirigeants internationaux ont la responsabilité de faire preuve de retenue et d’équité dans une situation où chaque escalade provoque des pertes civiles et des souffrances à grande échelle. Les gouvernements sont invités à imposer des sanctions, telles qu’un embargo sur les armes, à Israël pour ses violations flagrantes du droit international. Un cessez-le-feu au Liban – en vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2006 – et des cessez-le-feu à Gaza doivent être mis en œuvre de toute urgence. Aucune des invasions et bombardements répétés du Liban au cours des dernières décennies n’a produit de trêve politique durable ni de réconciliation dans la région. La communauté internationale doit prendre des mesures pour mettre fin à cette escalade de la violence et demander des comptes à tous les auteurs.

Beyrouth, Bruxelles, Paris, 2 octobre 2024

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