Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création
Le 16 février 2010, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la Turquie. Selon la CEDH, on ne peut se fonder sur l’obscénité ou, de façon plus générale, invoquer la morale pour justifier la condamnation à une lourde amende de l’éditeur des Onze mille verges, « œuvre d’un auteur mondialement connu, Guillaume Apollinaire ». Si la Cour note que l’œuvre fit scandale lors de sa publication en 1907, elle ajoute qu’il ne faut pas « sous-estimer dans ce cas précis le passage de plus d’un siècle depuis la première parution de l’ouvrage en France, sa publication dans de nombreux pays en diverses langues, ni sa consécration par l’entrée dans La Pléiade une dizaine d’années avant la saisie dont il a fait l’objet en Turquie ». Dès lors, le droit du public à accéder à une « œuvre figurant dans le patrimoine littéraire européen » doit triompher des « singularités culturelles, historiques et religieuses des pays membres du Conseil de l’Europe ».