Le régime chinois ne cesse de se remodeler depuis deux ans, l’évolution s’élargit, s’amplifie de semestre en semestre et l’on a l’impression que le régime est quasiment en train de changer de nature. Toutes les rubriques de la vie nationale semblent touchées, à l’intérieur comme à l’extérieur, au civil comme au militaire et, de cette mutation, il n’est pas certain que les capitales étrangères aient perçu partout toutes les conséquences.
À l’intérieur, le régime reste obnubilé par la crainte d’un effondrement semblable à celui qui a emporté l’Union soviétique, il y a un quart de siècle. Pour l’éviter, il faut faire taire la dissidence ; supprimer du parti la détestable image qui court dans le pays, celle d’une organisation où la corruption et l’âpreté au gain ont définitivement éclipsé les valeurs héroïques qui prévalaient dans la conquête du pouvoir, six ou huit décennies plus tôt. Il faut enfin tenter de redonner prestige au chef du parti en composant de lui une image plus brillante que celle de ses ternes prédécesseurs.
À l’extérieur, la force chinoise ayant grandi, on peut projeter du rêve en se référant aux positions tenues dans les siècles passés. Devenir à terme la puissance mondiale dominante, avec toute l’autorité qu’on pourra exercer alors sur la planète. En attendant cette échéance, prendre place comme premier interlocuteur des États-Unis, installer définitivement sa primauté en Asie orientale et faire revivre les vieux mythes de la Route de la soie pour se glisser vers l’Ouest, – une voie terrestre, une voie maritime –, qui conduisent toutes deux jusqu’à l’Europe…
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