Du groupuscule révolutionnaire au rêve d’hégémonie mondiale
Le parti chinois fête les cent ans de son premier congrès fondateur (1-23 juillet 2021). Son président chef d’Etat affirme « l’irrésistible essor » du pays. Le P.C.C. se présente toujours devant l’étranger et devant son propre peuple comme « le détachement d’avant-garde de la classe ouvrière chinoise », en même temps qu’il revendique d’être à la tête d’une Chine porteuse d’une culture ininterrompue de cinq mille ans , sans égale dans le monde. Il promet, pour le centenaire du régime en 2049, « un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines ». Il répète son engagement inébranlable sur la question de Taïwan. Toute force extérieure qui chercherait à « brutaliser la Chine, à l’opprimer ou à la soumettre subirait une défaite cuisante ».
Le parcours est évidemment impressionnant de ce groupuscule de cinquante-sept membres, qui envoie en 1921 treize délégués logés dans un lycée de filles de la concession française fermé pendant l’été. L’internationale communiste qui vient de tenir son troisième congrès début juillet à Moscou envoie un représentant. Le mouvement a le vent en poupe : les bolcheviks ont pris le pouvoir en Russie moins de quatre ans plus tôt ; l’effondrement des empires suite à la boucherie de la guerre mondiale laisse espérer une large redistribution des cartes ; la Chine est en plein bouleversement : la République a été proclamée le 1 janvier 1912 ; le 4 mai 1919, les étudiants manifestent contre les prétentions japonaises sur la province du Shandong, contre le poids des traditions et le confucianisme et pour l’usage officiel du langage du peuple. C’est l’émergence d’une nouvelle conscience patriotique. À Moscou, Lénine et Trotski attendent du nouveau parti chinois qu’il contribue au chamboulement des équilibres mondiaux.
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