Les droits de l’Homme par temps de guerre et de conflits
Il s’est constitué en février un bloc eurasiatique russo-chinois. Les partis au pouvoir dans le pays le plus vaste et dans le pays le plus peuplé de la terre ont décidé de marcher de conserve ; ils récusent ensemble les systèmes parlementaires et affirment avoir sur presque tout des vues communes ; ils s’accordent pour ne jamais se désavouer et pour se soutenir presque toujours. Les appétits territoriaux de ces deux empires ouvrent un temps de belligérance ouverte ou larvée, entraînant de nouvelles menaces sur les droits individuels, sociaux ou collectifs.
Souvent contestées dans leur légitimité, les institutions internationales sont moins efficaces. Les Nations unies dont l’objectif premier est de maintenir la paix – outre la protection des droits de l’Homme et le respect du droit international – sont impuissantes dans le conflit ukrainien. Au lendemain de sa visite au Kremlin, leur secrétaire général Antonio Guterres se fait humilier le 28 avril par un bombardement sur Kiev où il vient d’arriver. Ce n’est qu’un cas parmi d’autres : l’O.N.U. doit s’incliner devant les décisions et les vetos des membres permanents du conseil de sécurité.
Le régime chinois refuse début 2020 puis retarde une mission de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) qui voulait rechercher les origines d’une pandémie touchant le monde entier, puis enfin l’encadre au point de retirer tout intérêt à cette enquête qui a traîné trop longtemps. Quand le directeur de l’organisation émet des doutes sur l’opportunité des mesures prises en Chine pour lutter contre le Covid, Beijing vexé censure ses paroles et déclare qu’il est « irresponsable » ; lorsque le directeur des situations d’urgence s’inquiète de la rigueur impitoyable de mesures d’isolement qui heurtent ouvertement les droits de l’Homme, l’autorité rétorque qu’il se mêle de ce qui ne le regarde pas.
La Chine encore impose à la même O.M.S. de retirer le statut d’observateur accordé naguère à Taïwan, après que des scrutins libres ont désigné à la tête de l’île une présidente qui ne plaît pas à Beijing car elle ne voit aucune raison de faire allégeance au continent. Quand la Cour internationale d’arbitrage de la Haye déclare que la Chine n’a aucun droit historique sur les récifs qu’elle prétend siens en mer de Chine méridionale, le régime dit tout net qu’il n’en tiendra aucun compte. On note aussi dans le même sens la violation de l’accord dûment enregistré aux Nations unies du maintien pour cinquante ans du statut de Hongkong. La loi sur la sécurité nationale de 2020, mise en place par Beijing avant même la mi-parcours, a lancé un processus d’annexion, pour l’essentiel arrivé aujourd’hui à son terme.
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