Par une décision prise le 12 octobre, le tribunal administratif de Lille, saisi par de nombreuses associations dont la LDH, a annulé trois des arrêtés préfectoraux interdisant les distributions gratuites de repas et d’eau à certains endroits de Calais et de ses alentours. Il s’agit d’une victoire certaine pour les acteur-ice-s solidaires des personnes en situation d’exil à la frontière franco-britannique.
Cette décision porte sur les arrêtés du 3 septembre 2020, du 16 novembre 2020 et du 14 décembre 2020 renouvelés quasiment tous les mois jusqu’en septembre 2022. A travers eux, ce sont entre 300 et 1500 personnes en situation d’exil bloquées à la frontière qui sont ciblées au quotidien et, parmi elles, des mineurs non accompagnés, des familles, des femmes et des hommes isolé-e-s en situation particulièrement précaire.
Les lieux de vie visés sont pour la plupart délaissés par les services de l’Etat et l’accès à l’eau et à la nourriture n’est rendu possible que par l’engagement de structures indépendantes qui agissent malgré la limite de leurs ressources et la répression accrue qu’elles connaissent.
Par sa décision, le tribunal administratif reconnaît que “les distributions assurées par l’Etat sont quantitativement insuffisantes” quelque soit le nombre de personnes dépendantes de ces distributions et que les arrêtés n’ont pour seul effet que “de compliquer considérablement la possibilité pour ces populations précaires d’accéder, à des distances raisonnables de leurs lieux de vie qui soient compatibles avec la précarité de leurs conditions, à des biens de première nécessité”.
Il s’agit d’une avancée pour la reconnaissance du caractère indispensable des activités des associations indépendantes, tant que l’Etat n’assurera pas les services essentiels de distributions d’eau et de nourriture aux personnes exilées bloquées à la frontière.
Cette victoire est très importante pour tout ce que ces arrêtés ont représenté à Calais : l’entrave à la solidarité, l’empêchement d’un accès minimal au droit et aux services de premières nécessités pour les personnes exilées et leur criminalisation et celle de leurs allié-e-s.