Carrefour retire ses produits des colonies israéliennes mais il ne se sépare pas de ses magasins dans ces colonies et reste étroitement lié à la colonisation

Communiqué commun de la LDH,  l’AFPS, Al Haq, la CGT, la Fédération CGT du commerce, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et de l’Union syndicale Solidaires

Le géant français de la distribution a discrètement retiré ces dernières semaines les produits de la marque Carrefour de ses enseignes franchisées présentes dans les colonies israéliennes. Selon plusieurs ONG et syndicats, il s’agit d’une avancée positive, mais Carrefour reste impliqué dans la colonisation via ses magasins franchisés dans les colonies et les partenaires de son accord de franchise.

Le groupe Carrefour a retiré des magasins de son franchisé Yenot Bitan situés dans les colonies israéliennes les produits de sa marque, selon des constatations réalisées sur place ces derniers mois.

Ce retrait, dont nous nous félicitons, est le résultat des campagnes menées contre les liens de Carrefour avec la colonisation israélienne, notamment en France. Selon nos organisations, il s’agit cependant d’une mesure « cosmétique », visant à dissimuler que le groupe français reste bien présent dans les colonies. Les contrats de franchise avec les sociétés israéliennes franchisées Electra Consumer Products et Yenot Bitan demeurent effectifs, y compris pour les succursales dans les colonies, ce qui a notamment permis à Carrefour de décider ce retrait des produits de sa marque qui étaient proposés dans ces magasins. Une offre d’emploi a par ailleurs été publiée en janvier 2024 pour recruter du personnel dans une « succursale Carrefour » de la colonie de Maale Adumim, ce qui confirme la permanence des liens entre Carrefour et ses magasins franchisés dans les colonies.

Dans la même logique, le groupe Carrefour a indiqué dans son « Document d’enregistrement universel » destiné aux actionnaires de mai 2024 [1] qu’Electra Consumer Products avait « signé un contrat lui interdisant de développer des magasins sous enseigne Carrefour dans les territoires palestiniens », ce qui permet donc en creux aux magasins situés dans les colonies de bénéficier de l’accord de franchise du moment que le logo de Carrefour n’est pas affiché. Ces magasins participent au développement des colonies. Le groupe Carrefour est donc toujours directement impliqué dans la colonisation.

Comme cela avait été indiqué dans un rapport publié en 2022 et dans plusieurs notes d’actualité, l’élément essentiel de la complicité de Carrefour avec la colonisation se trouve cependant dans la signature d’accord de franchise ou de partenariats avec des sociétés israéliennes directement et profondément impliquées dans la colonisation : Electra Consumer Products ainsi que sa filiale Yenot Bitan [2] qui a passé l’accord de franchise, mais aussi la banque Hapoalim et la société Juganu [3]. Ces partenariats n’ont pas été remis en cause. Le groupe Carrefour doit mettre fin à l’ensemble de ses accords avec des entreprises impliquées dans la colonisation pour que cesse sa complicité avec la colonisation, qui constitue un crime de guerre au regard du droit international humanitaire.

Le 19 juillet, la Cour internationale de justice a indiqué dans un avis consultatif majeur que les Etats ne doivent pas « entretenir de relations économiques ou commerciales avec Israël qui seraient de nature à renforcer la présence illicite de ce dernier dans le territoire palestinien » et qu’ils doivent « prendre des mesures pour empêcher les échanges commerciaux ou les investissements qui aident au maintien de la situation illicite créée par Israël dans le Territoire palestinien occupé » [4]. Cet avis formulé par la Cour devrait amener les Etats à prohiber purement et simplement le commerce avec les colonies israéliennes et à imposer aux entreprises de leur pays respectif de cesser toute activité économique avec la colonisation. Sans attendre les directives de l’Etat dont elles relèvent, les entreprises doivent répondre à leur obligation de devoir de vigilance, qui les oblige notamment à s’assurer que leurs activités n’enfreignent pas les droits de l’Homme.

Paris, le 3 septembre 2024

 

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