La conférence franco-africaine des chefs d’État et de gouvernement s’ouvre à Paris le 26 novembre 1998.
A cette occasion, la LDH rappelle que si certains changements sont intervenus dans la politique africaine de la France, notamment à partir de 1998 avec la réforme trop longtemps retardée de la coopération, il n’en demeure pas moins que de nombreux aspects de la politique française ne peuvent qu’entretenir inquiétude et méfiance tant en France qu’en Afrique.
1) Le soutien toujours actif à certains régimes autoritaires et à leurs dirigeants, sous prétexte de réalisme, est indigne des valeurs universelles dont notre pays prétend incarner la permanence.
2) L’aide publique au développement connaît dans les faits une chute brutale qui ramène notre aide en valeur réelle à vingt ans en arrière.
3) L’opacité dans les mécanismes de décision et dans l’exercice des responsabilités se prolonge. Il est toujours impossible de faire la lumière sur le rôle exact de la France dans la tragédie de 1994, alors que les éléments d’information existent, mais demeurent inaccessibles.
Tous ces manquements, erreurs, complicités, sont trop récurrents et structurels pour être traités avec la légèreté trop longtemps de mise. Il importe que la politique africaine de la France perde définitivement son statut spécifique et qu’elle s’aligne sur ce qui devrait être la norme dans un régime démocratique. A cet égard, il est d’une impérieuse nécessité que le Parlement français ait enfin le courage de s’emparer des prérogatives qui sont les siennes pour juger d’une politique qui s’est développée hors de tout contrôle. Enfin, il est non moins nécessaire que l’association des experts, universitaires et organisations non gouvernementales au sein d’un Haut Conseil du développement soit mise en place sans tarder. Seule une implication assumée et contradictoire de tous les acteurs permettra de rétablir la dignité de la relation entre l’Afrique et la France.