Face aux violences urbaines, des élus aujourd’hui préconisent des solutions comme l’éloignement systématique de certains mineurs, l’instauration d’un couvre-feu déguisé pour les jeunes de moins de 14 ans, une suspension ou une suppression des allocations familiales. La restauration de la responsabilité des parents ne peut se faire s’ils sont sanctionnés. Dans de nombreuses familles où personne ne travaille, les allocations familiales destinées aux enfants constituent des ressources indispensables. Leur suppression ne peut que contribuer à marginaliser davantage ceux qui sont déjà exclus de la société.
Les violences urbaines sont la résultante de tous les échecs en matière d’urbanisme, d’emploi, de transport, de scolarisation. Elles revêtiraient une dimension bien plus importante sans les actions d’associations et d’élus qui, sur place, s’efforcent de donner aux familles et à leurs enfants une dignité perdue. Elles sont un révélateur du malaise de notre société où des millions de personnes sont exclues du monde du travail et n’ont aucun espoir de trouver un emploi. Les violences urbaines ne disparaîtront pas en pénalisant les familles et en enfermant les jeunes.
La LDH s’oppose au manichéisme qui consiste à privilégier les solutions répressives. Des voies plus constructives existent. Elles exigent du temps et la mobilisation de toutes les personnes concernées, à partir d’un projet global fondé sur une politique d’emploi, et, sur la solidarité. Il appartient aux pouvoirs publics de s’engager dans cette voie avec le concours de toutes les parties concernées.
Paris, le 28 janvier 1998