Lettre ouverte commune dont la LDH est signataire, à l’attention du ministre de l’Intérieur, du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, copie à l’ambassadeur de France au Mexique
Paris, le 13 juillet 2021
Messieurs,
Une délégation de 160 ressortissants du Mexique, principalement issus de communautés de peuples autochtones Zapatistes, se prépare depuis des mois pour venir en Europe rencontrer des groupes de solidarité, des associations culturelles, des groupes artistiques, des syndicats, des ONG et des organisations de défense des droits humains. Entre juillet et septembre, de nombreux événements sont prévus dans lesquels leur présence est indispensable pour échanger sur les questions de santé, d’éducation, d’écologie, de justice, des droits sociaux et des droits humains.
Plus de 800 organisations, institutions, et personnalités ont signé la déclaration “En attente du bateau pour la vie” dans laquelle on peut lire “depuis nos géographies, nos territoires et nos espaces, nous réitérons notre invitation à venir en Europe, à nous rendre visite, à nous rencontrer sur ces terres qui ne sont pas seulement celles du capital sauvage et transnational, mais le lieu d’où nous luttons pour faire en sorte que la vie, et donc, le monde, soit un endroit digne où vivre ”.
Face à la situation actuelle de choc planétaire, les communautés indigènes et surtout le mouvement zapatiste viennent en Europe pour « réaliser des rencontres, des dialogues, des échanges d’idées, d’expériences, d’analyses et d’évaluations entre personnes qui sont engagées, à partir de différentes conceptions et sur différents terrains, dans la lutte pour la vie« , comme l’indique le texte intitulé « Une déclaration pour la vie ».
Nous qui les avons invités à venir participer à ces réunions et échanges, nous considérons que la lutte pour la vie est une question d’importance vitale, une question impérative ; si nous ne luttons pas pour la vie, il n’y aura pas d’avenir.
Et comme nous supposons que, pour le gouvernement français, cette lutte pour la vie devrait aussi être une priorité, nous comprenons que l’administration publique française devrait admettre ceci comme un des motifs impérieux pour entrer dans le pays, parce que le voyage est pour la reconstruction d’un tissu d’espoir et de liberté.
Nous considérons que les réunions déjà engagées, les invitations des signataires des déclarations déjà mentionnées, les invitations de ceux qui signent également cette lettre, et surtout le fait que la délégation vienne lutter pour la vie face au désastre environnemental et humain dans lequel nous vivons, prouvent l’existence d’un motif impérieux qui devrait permettre l’entrée de la délégation. C’est pourquoi nous nous adressons à vous, car nous aimerions avoir votre confirmation que le gouvernement français ne s’opposera pas à cette lutte pour la vie. Qu’il n’y aura pas d’obstacles, de distances ou de frontières qui empêcheront la patrie de la fraternité, de la liberté et de l’égalité d’être le pont naturel d’arrivée de cette délégation historique qui, pour la première fois, mettra la voix des peuples originaires au premier plan dans nos rues, nos théâtres, nos universités et nos cœurs.
En conséquence, en nous appuyant sur les plus de 4000 organisations de solidarité du monde entier qui ont signé le communiqué « Une déclaration pour la vie » et sur celles qui rejoignent et signent cette lettre. Nous demandons que vous preniez les mesures nécessaires pour que cette délégation puisse entrer sur le territoire français à la mi-juillet, par voie aérienne.
Dans l’attente de votre réponse