Le préfet de police de Paris vient d’interdire la manifestation organisée le 22 juin par un certain nombre d’associations avec le soutien de la Ligue des droits de l’homme pour que soit abrogé l’article L. 630 du Code de la Santé publique qui interdit de fait toute discussion publique et loyale sur le problème de l’usage des drogues, pour que le cannabis soit retiré du tableau des stupéfiants et pour que s’ouvre un grand débat national sur la toxicomanie.
Le droit de manifester comme celui d’exprimer ses opinions constitue un droit essentiel à toute vie démocratique. Les motifs invoqués pour justifier cette interdiction ne sont pas acceptables et le rappel des précédents dc 1995 et 1996 est pour le moins surprenant. Faut-il souligner qu’une manifestation ne peut être interdite que si les circonstances font craindre des troubles graves à l’ordre public. Tel n’étant à l’évidence pas le cas, cette mesure ne peut se fonder que sur la persistance d’une volonté farouche de refuser un débat ouvert sur un problème de société aussi grave que celui de l’usage des drogues. La censure est toujours l’alibi du mensonge.
La Ligue des droits de l’homme demande au gouvernement de ré-examiner cette interdiction et de prendre les dispositions nécessaires pour que les citoyens puissent s’exprimer et débattre librement, notamment des conséquences d’une législation dont chacun s’accorde à constater que, pour répondre aux problèmes dramatiques des toxicomanies, elle est inefficace, voire néfaste.
Paris, le 18 juin 1997