Par Malik Salemkour, président de la LDH
Succédant à Françoise Dumont comme président de la Ligue des droits de l’Homme, c’est une lourde tâche qui m’a été confiée et un honneur. Nous allons maintenant donner vie aux résolutions adoptées au congrès de Grenoble, l’une pour aider à refonder notre démocratie, après des élections qui ont prouvé combien elle devait être malade, l’autre pour lutter contre le racisme, qui ne se divise pas. Nous poursuivrons aussi notre action inlassable contre toutes les injustices et pour l’égalité des droits. Ce sera notamment notre engagement résolu contre l’état d’urgence, tant il gangrène l’Etat de droit, et en faveur d’un accueil digne des migrants.
Des chantiers sont ouverts pour actualiser notre réflexion, la préciser, la compléter, s’ouvrir à de nouveaux sujets dans l’indivisibilité des droits et aider à une pensée globale, de liberté, d’égalité, de fraternité et de progrès humain, pour toutes et pour tous sans discrimination. Je pense notamment aux « communs », aux droits de la Terre, aux idées recueillies dans le « Monde qui vient ».
Nous aurons à assumer les questions posées par notre dernier congrès en retravaillant notre « projet associatif ». Nous avons à être forts sur nos bases et nous ouvrir encore plus à ceux qui nous entourent, pour agir avec, et non seulement agir pour, pour intervenir là où ne sommes pas, ou pas assez. Je ne me résous pas à laisser le FN y prospérer sans combat, faute de combattants.
Nous devons plus soutenir ce qui se fait d’intéressant sur nos territoires ou sur des espaces virtuels et qui rejoint nos préoccupations, à susciter l’émergence d’engagements, de débats, d’une citoyenneté active qui ne laisse personne de côté. Le potentiel est énorme, et le désintérêt du partisan ne peut cacher un toujours vif intérêt à la chose publique, à l’actualité, aux débats. A nous d’en trouver les meilleurs voies et moyens.
La LDH doit s’ouvrir à de nouvelles forces. Accueillir de nouveaux adhérents et leur offrir des espaces d’engagements qui répondent à leurs attentes parfois plus ponctuelles et thématiques, avoir plus de débats, de militants de terrain, de soutiens actifs à nos appels, de relais d’opinion, d’acteurs d’une Ligue 2.0, à penser avec les réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Twitter, pour aider à diffuser nos idées, favoriser le débat, faire émerger des expressions civiques et politiques, sont des priorités.
Nous aurons aussi à faire fructifier nos partenariats dans un champ associatif éclaté, fragilisé comme nous au niveau national, bouillonnant au niveau local et encore plus sur internet dans des formes justement plus informelles mais puissantes. La LDH est l’une des seules capable de rassembler ces dynamiques parce qu’elle est généraliste et reconnue. Elle doit assumer ce rôle, elle est légitime à le faire.
C’est enfin penser à l’international qui doit aussi enrichir et éclairer plus nos débats nationaux, parce que le monde d’aujourd’hui est mondialisé et que nous gagnerons à partager ces expériences et ces réflexions sur les mêmes préoccupations que les nôtres. C’est avec l’Association européenne de défense des droits de l’Homme (AEDH), le Forum civique européen, le réseau EuroMed Droits, la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) et d’autres acteurs encore qu’il nous faut évoluer. Nous en serons que plus forts.
« Le futur n’est inscrit nulle part, il est entre nos mains »