Face aux tendances autoritaires croissantes à l’encontre des personnes migrantes, défendons une politique migratoire fondée sur les droits humains

Communiqué commun dont la LDH est signataire

A l’occasion de la Journée internationale des migrant-e-s, les organisations signataires s’opposent aux politiques sécuritaires qui portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes en mouvement dans la région méditerranéenne. Alors que cette journée, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 4 décembre 2000, commémore l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs et travailleuses migrant.e.s et des membres de leur famille, aucun pays membre de l’Union Européenne (UE) n’a encore ratifié cette convention.

Au contraire, depuis quelques années, les Etats membres de l’UE, dans une optique d’externalisation et de militarisation de leurs frontières, adoptent des politiques de plus en plus restrictives et xénophobes, qui violent les droits humains des personnes en migration, tels que le droit à la mobilité et le droit fondamental à la vie.

L’année 2024 a été marquée par des consécrations électorales des campagnes politiques fondées sur le dénigrement des migrant-e-s et réfugié-e-s sur les deux rives de la Méditerranée. Dans une conjoncture de crise économique et institutionnelle, une partie des classes dirigeantes ont explicitement désigné comme bouc émissaire les populations migrantes. Un racisme populaire ou institutionnel s’est propagé dans de nombreux pays de la région euro-méditerranéenne.

A l’échelle internationale, l’hégémonie des idées réactionnaires qui ont contribué au verrouillage de l’Europe forteresse, a été réaffirmée par les élections européennes. Le Pacte sur la migration et l’asile renforce des initiatives qui étaient encore inacceptables il y a quelques années, en systématisant la détention et en empêchant l’accès au droit d’asile.

Dans les pays voisins, les deux dernières années ont été marquées par une prolifération d’accords d’externalisation qui financent la répression des mouvements migratoires par des Etats tiers, devenus les gendarmes de l’UE. Dubravka Šuica, la nouvelle Commissaire pour la Méditerranée est chargée d’élaborer un nouveau pacte pour la Méditerranée qui contient des « accords de partenariats compréhensifs avec des pays tiers » dans la droite lignée des accords d’externalisation déjà signés. A rebours de l’instauration de routes sûres et régulières de migration, ces dernières semaines, les « solutions innovantes », à l’instar de l’accord entre l’Italie et l’Albanie, ont été portées sur le devant de la scène politique de l’UE. Quelques Etats membres ont plaidé pour la révision en priorité de la Directive sur le retour qu’ils espèrent recevoir dès le mois de février 2025. Les organisations signataires s’opposent à ces mesures.

Des tendances similaires sont observées chez les partenaires méditerranéens de l’UE. La Tunisie et l’Egypte à la suite des dernières élections présidentielles, ont porté au pouvoir deux dirigeants qui accentuent la régression en matière de migration. En Afrique du Nord, les personnes migrantes subissent un continuum de violences allant de l’agression verbale à la torture. En Libye des cas de pratiques esclavagistes, de tortures et d’assassinats ont été documentées. Les militant.e.s qui œuvrent pour la solidarité avec les migrant.e.s sont criminalisé.e.s, poursuivi.e.s, voire, incarcéré.e.s.

Les organisations signataires refusent d’accepter le sort des migrant.e.s disparu.es qui n’a rien d’inévitable. Le chiffre des disparitions continue d’accroître en raison de la non-implication constante et souvent délibérée des Etats pour rechercher les personnes disparues dans le bassin méditerranéen. Leurs familles poursuivent sans relâche la recherche de leurs proches, parfois pendant des décennies, rendant le deuil impossible et les retrouvailles de plus en plus improbables.

Devant cet état de fait, nous continuerons de défendre les libertés des personnes qui refusent de renoncer à leur droit d’étudier, travailler ou vivre ailleurs que dans leur pays de naissance. Nous ne cesserons de plaider pour le respect du droit à l’asile : être réfugié.e ne constitue pas un crime et la protection internationale est un droit humain fondamental. EuroMed Droits et les organisations signataires transmettent leur message de solidarité avec les familles de disparu.e.s et avec les migrants et les migrantes confronté.es à l’exploitation et à l’oppression, qu’elle soit raciste, xénophobe et/ou sexiste. Non au traitement différencié des vies : dignité, vérité et justice pour toutes et tous.

Signataires : Action pour l’égalité, le soutien et contre le racisme (KISA), Anti Racism Movement (ARM), Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), Associazione Ricreativa Culturale Italiana (ARCI), Center for Legal Aid Voice (CLA), Center for Peace Studies (CPS), Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11), Centre per la Defensa dels Drets Humans (Irídia), EuroMed Rights (EMR), Greek Council for Refugees (GCR), İnsan Hakları Derneği (İHD), Institut Novact de Noviolència (Novact), La Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Organisation Marocaine des Droits Humains (OMDH)

Le 18 décembre 2024

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