Communiqué du Collectif des associations unies, dont la LDH est membre
Le 10 juillet marque la fin de l’état d’urgence sanitaire et, avec elle, la fermeture des hébergements « hivernaux », l’arrêt des mises à l’abri sanitaires et la reprise des expulsions. Pour les 39 associations du Collectif des Associations Unies, cette date ne doit pas signifier la fin de l’aide apportée aux milliers de personnes sans-abri et mal-logées, pour qui les problèmes ne s’arrêteront pas le 11 juillet.
Les mesures déployées par les acteurs de la solidarité avec les services de L’État pendant la crise sanitaire, ont marqué une avancée importante dans la protection des plus vulnérables. 20 000 places d’hébergement dont 12 000 à l’hôtel ont été ouvertes, 14 000 places hivernales ont été maintenues, des centres de desserrement Covid-19 ont ouvert, des points d’eau dans certains bidonvilles ont été installés, des chèques service ont été distribués, la trêve des expulsions a été prolongée… Au-delà d’un répit pour les personnes, cette mobilisation a montré qu’avec des moyens, des solutions étaient possibles pour les personnes sans-abris et mal-logées !
Pourtant, ces efforts sont à nouveau circonscrits dans le temps et les associations du Collectif sont déjà les témoins d’un « après » inquiétant sur certains territoires. Depuis le déconfinement, nous assistons à la fermeture anticipée de centres d’hébergement et d’hôtels mobilisés pendant la crise, qui avaient permis de voir baisser les appels au 115 de 70%.
Le 10 juillet cette situation risque fort de se dégrader rapidement, menaçant à nouveau les plus vulnérables. Si rien n’est fait pour l’en empêcher, la reprise des expulsions locatives comme celle des bidonvilles et squats, ainsi que la diminution des capacités d’hébergement et d’intervention sociale, provoqueront une vague de mises et de remises à la rue. Une catastrophe sociale qui doit à tout prix être évitée, à l’aube d’un été qui s’annonce caniculaire et face à un risque sanitaire toujours présent.
Face à cette urgence, le Ministre de la Ville et du Logement vient de s’engager à ce qu’aucune personne hébergée ne soit remise à la rue sans solution alternative. Il s’engage également à ce qui n’y ait aucune expulsion sans solution de relogement et annonce la publication d’une circulaire dans les prochains jours. Le Collectif des Associations Unies demande un engagement ferme et vérifiable de la part des pouvoirs publics – Etat et collectivités locales – pour maintenir, pérenniser et renforcer les mesures de protection, les capacités d’accueil qui ont été déployées pendant le confinement et les capacités d’orientation des ménages vers des solutions dignes et durables de logement. Quel que soit le statut administratif des personnes vulnérables concernées, aucune expulsion ou remise à la rue sans solution ne doit donc intervenir. Les associations du Collectif veilleront au respect de ces engagements. Pour atteindre ces objectifs le Collectif demande l’organisation dès la semaine prochaine et dans tous les départements de réunions associant l’ensemble des acteurs de l’hébergement et du logement sous l’égide du Préfet.
La fin de l’état d’urgence sanitaire doit être l’occasion d’un changement d’échelle ambitieux et nécessaire pour en finir avec le sans-abrisme et le mal-logement. Le Collectif des Associations Unies réitère ses 15 mesures à adopter d’urgence pour transformer l’essai et éviter d’ajouter de la misère à la crise économique et sociale.
Paris, le 2 juillet 2020