La liberté ne se divise pas. On ne saurait, en invoquant la nécessité évidente de la lutte contre le terrorisme, négliger les principes fondamentaux qui sont la garantie des citoyens. Le droit à la liberté et à la sûreté de chacun, la présomption d’innocence, l’exigence d’une justice équitable, la liberté d’expression ne sauraient céder le pas devant les exigences de la répression.
Les pratiques actuelles des policiers et des magistrats spécialisés dans la lutte contre le terrorisme sont de plus en plus préoccupante. Une commission d’enquête internationale organisée à la demande de la Ligue des droits de l’homme (LDH) par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) doit prochainement publier son rapport.
Deux faits particulièrement préoccupants sont aujourd’hui révélateurs de ces dérives.
L’interpellation du journaliste Gilles Millet, la perquisition effectuée à son domicile, la saisie des documents qui constituaient ses sources, sa garde à vue puis sa mise en examen du fait de leur détention constituent une atteinte intolérable à la liberté de l’information que rien ne saurait justifier. La Ligue des droits de l’homme s’associe aux protestations des journalistes contre cette entrave à leur mission mais ce sont tous les citoyens qui sont concernés.
Les autorités judiciaires ont l’intention de faire juger 138 personnes accusées dans le cadre d’une poursuite pour des faits de terrorisme dans l’enceinte de la prison de Fleury-Mérogis. De tels procès monstres se tenant dans l’enceinte d’une prison constituent des pratiques habituelles dans les pays où règne l’oppression et la tyrannie. Elles sont inconcevables dans un régime démocratique. L’impartialité de la justice se juge aussi à l’apparence qu’elle en donne. La Ligue des droits de l’homme s’associe aux protestations des avocats désignés ou commis d’office dans cette affaire, mais, là encore, ce sont tous les citoyens qui sont concernés.