Communiqué de la LDHDepuis cinq semaines, un mouvement social puissant, responsable et déterminé mobilise la grande majorité de la population de la Guadeloupe. Ce mouvement social est porteur de revendications dont nul ne peut contester la légitimité : des conditions de vie de plus en plus insupportables pour le plus grand nombre résultent du maintien de privilèges et de comportements prédateurs connus et tolérés de longue date par les autorités.
A ce mouvement, le pouvoir a longtemps fait la sourde oreille, avant de pratiquer un jeu d’aller et retour qui a grandement contribué au pourrissement de la situation. Le silence total gardé pendant plus d’un mois sur la situation en Guadeloupe par un président de la République qui n’est pourtant avare ni de discours ni de promesses sur tant d’autres sujets en dit long sur le désintérêt, voire le mépris dans lequel sont tenus nos concitoyens d’outre-mer : nul ne peut imaginer, un instant, pareil comportement à l’égard d’une crise similaire frappant une région métropolitaine.
L’aggravation brutale de la répression du mouvement social guadeloupéen, à partir du lundi 16 février, est à l’origine d’un durcissement qui a, hélas, abouti à la mort violente d’un militant syndical deux jours plus tard. La responsabilité des autorités politiques nationales, présidentielle comme gouvernementales, dans cet engrenage dramatique ne peut être masquée par les concessions tardives, floues et partielles enfin consenties le jeudi 19 février, alors que parallèlement l’escalade des renforts alimentant la répression se poursuit de jour en jour, au risque de provoquer une nouvelle radicalisation.
Le mépris du dialogue social, les insultes racistes et les violences en réponse à l’exercice légitime du droit de manifester, relèvent de la réactivation de logiques détestables d’humiliation qui ne sauraient être tolérées dans un Etat démocratique digne de ce nom. Il est de la responsabilité élémentaire du pouvoir d’y faire mettre un terme au plus vite.
La Ligue des droits de l’Homme, pleinement solidaire de sa section de Guadeloupe, dénonce le comportement irresponsable des plus hautes autorités de l’Etat et les appelle à témoigner vis-à-vis des populations d’outre-mer, comme naguère vis-à-vis des populations des quartiers populaires, du respect et de l’égale considération qui sont dues à tous les citoyens de la République.
Paris, le 20 février 2009